Imaginez la situation suivante. Face à vous, il y a Lisa et Tom, âgés d’environ 5 ans. Vous avez un sac rempli de jouets et vous devez décider très rapidement à qui vous les donnez. Prêt(e) ? C’est parti : un G.I. Joe, un aspirateur, un déguisement de pompier, un set de bijoux, un pistolet à eau et une Barbie. Vous avez à peine le temps de vous réjouir d’avoir tout distribué que Lisa veut jouer avec le G.I. Joe de Tom et Tom avec la Barbie de Lisa. Qu’allez-vous faire ?

Par  Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch – illustration Piotr Piech

Êtes-vous du genre à dire à Lisa que c’est un jouet pour garçon et/ou à Tom que c’est un jouet pour fille ? Ou, au contraire, vous en moquez-vous comme de votre première chemise ? Une chercheuse a voulu vérifier si cela varie selon que vous êtes parent ou non.

Méthode  Cette dernière a recruté des parents et des non-parents. Parmi les parents, il y avait 50 mères et 35 pères de 19 à 54 ans : parmi les non-parents, 50 femmes et 37 hommes de 17 à 32 ans. Tous ont été invités à évaluer 206 jouets quant au genre auquel ils étaient ou non associés. Ils le faisaient sur une échelle de 1 à 9 (1, seulement aux filles ; 5, aux filles et aux garçons ; 9, seulement aux garçons). Ils ont ensuite réalisé la même tâche une deuxième fois, mais en pensant exclusivement aux très jeunes enfants (âgés de 2 ans ou moins). Enfin, ils ont répondu à différentes questions sociodémographiques.

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Résultat  Les résultats indiquent que les jouets jugés plus appropriés pour les filles étaient liés aux tâches domestiques (aspirateur, cuisine), à l’éducation des enfants (landau, maison de poupées) et à l’esthétique (nécessaire de maquillage, bijoux). Ceux jugés plus appropriés pour les garçons étaient quant à eux les équipements de sport, les figurines masculines, les véhicules, les jeux de construction et les déguisements masculins. Il y avait un très fort degré d’accord entre les évaluations des parents et des non-parents. Néanmoins, les parents se sont révélés être plus neutres – moins extrêmes, donc – dans leur évaluation du genre des jouets. Enfin, les jouets étaient moins stéréotypés au niveau du genre quand ils étaient évalués en pensant à des enfants de 2 ans ou moins.

Conclusion  Cette étude montre que si les parents jugent le genre des jouets de façon assez similaire aux personnes qui n’ont pas d’enfant, ils sont néanmoins moins extrêmes dans leurs jugements. Ce résultat suggère que les interactions qu’ils ont avec leurs enfants les amènent à être plus flexibles à ce sujet, ce qui est évidemment réjouissant. En effet, les enfants ont une curiosité débordante, et ce n’est généralement pas le genre supposé d’un jouet qui les arrête. Si vous avez un jeune garçon, vous avez certainement constaté qu’il s’intéressait aussi aux dînettes et aux cuisinières. De même, quelle fillette n’aime pas les jeux de construction ? Généralement, la merveilleuse ouverture d’esprit des enfants s’estompe au cours du temps. À nous d’y prendre garde.

Source : Campenni, C. E. (1999). Gender stereotyping of children’s toys: A comparison of parents and nonparents. Sex Roles, 40(1-2), 121-138.

60 questions étonnantes sur les parents de Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sohie Ryckebosch, Éd. Mardaga, 144 pages, 14,90€

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