Si le couple constitue le terreau le plus fréquent de la parentalité, force est de constater qu’un couple n’est pas l’autre. Certains s’entendent à merveille, tandis que d’autres ne cessent de se disputer. Vous êtes-vous déjà demandé lesquels sont les plus susceptibles d’avoir un enfant ? Spontanément, vous pensez sans doute qu’il s’agit des couples dont la relation est idyllique : ils offrent le contexte le plus favorable pour élever des enfants. Mais n’avez-vous jamais pensé de certains couples qu’ils faisaient un enfant pour tenter de sauver une relation qui bat de l’aile ? Voilà qui brouille les pistes… Heureusement, des chercheurs hollandais ont investigué cette intéressante question et mis au jour d’instructifs constats.
Par Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch
Méthode En se basant sur une large étude longitudinale, ces derniers ont analysé des données relatives à des couples qui cohabitaient, mariés comme non mariés : 451 répondants qui n’avaient pas encore d’enfant et 218 répondants qui en avaient déjà. La qualité de leur relation de couple a été évaluée sur quatre facettes : les interactions positives (par exemple, « Est-ce que votre partenaire vous regarde quand il/elle vous parle ? »), les interactions négatives (par exemple, « À quelle fréquence votre partenaire boude-t il/elle ? »), le consensus sur le plan des valeurs (par exemple, « À quelle fréquence êtes-vous en désaccord quant aux normes et valeurs ? ») et le risque de séparation (par exemple, « Envisagez-vous de quitter votre partenaire ? »). Par ailleurs, des données quant à leur parentalité effective ont également été recueillies.
Résultat Les résultats indiquent que les interactions négatives au sein du couple étaient négativement liées aux naissances. Cela suggère qu’une mauvaise relation amène les couples à postposer l’idée d’un enfant. Cependant, les interactions positives au sein du couple avaient également une influence négative sur les naissances. Cela suggère cette fois que les partenaires qui sont très heureux dans leur situation familiale actuelle voient l’ajout d’un enfant à l’équation comme une menace potentielle à leur bonheur. Enfin, l’effet du consensus quant aux valeurs et du risque de séparation n’est pas apparu comme déterminant.
Conclusion Les conclusions de cette étude semblent contradictoires. Plus un couple va mal, moins il est susceptible d’avoir des enfants et, dans le même temps, plus un couple va bien, moins il est susceptible d’avoir des enfants également. En réalité, ces résultats suggèrent que les chances d’avoir un enfant sont maximales dans une relation qui est fondamentalement saine, mais qui est devenue un peu monotone. Dans ce cas, les partenaires ne voient pas le fait d’avoir un enfant comme une façon d’améliorer leur relation de couple, mais davantage comme un nouveau défi pour leur relation. Les résultats de cette étude vous fournissent désormais un outil bien utile pour tenter de deviner comment s’entendent les couples sur la base de leur promptitude à procréer. Voilà qui va faire jaser dans les chaumières…
Source : Rijken, A. J., & Liefbroer, A. C. (2009). The influence of partner relationship quality on fertility. European Journal of Population, 25(1), 27-44
60 questions étonnantes sur les parents de Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch
Éd. Mardaga, 144 pages, 14,90 euros