Je l’ai beaucoup soutenu cette dernière année comme lui m’avait aidée lorsque je me suis séparée du père de mon fils qui me battait régulièrement et face à qui j’étais terrorisée. J’ai entretemps accepté de devenir responsable légale de ma belle-fille dont la mère était précédemment décédée d’un cancer et qui est donc aujourd’hui orpheline. Je suis aujourd’hui très seule et bien décontenancée dans un tel contexte que n’améliore pas l’attitude de mon fils fort agressif et violent à mon égard.
Isabelle, 42 ans
Chère Isabelle, à 42 ans, vous avez quitté votre mari, épousé l’homme que vous aimiez, adopté sa fille et perdu ce dernier car il est décédé… Tout un programme, et tout un parcours aussi qui m’amène à penser que vous avez plus d’une ressource en vous et que vous pouvez vous faire confiance ! Vous êtes devenue mère, vous avez enduré un mari violent, vous l’avez quitté, alors que vous étiez terrorisée à cette idée, vous avez néanmoins traversé ces peurs et accompli ce pas probablement fondamental pour vous, quitter un homme qui ne vous respectait pas, mais au-delà de cela, quitté une représentation de vous-même et une position où vous subissiez la situation plutôt que de choisir d’être acteur de votre vie.
Cet homme que vous ne nommez pas vous a aidée dans ce cheminement, à croire en vous, en votre valeur. Il vous faisait confiance également puisqu’il vous confie sa fille orpheline aujourd’hui de père et de mère. Des êtres rencontrés sur la route de la vie soignent parfois de bien vieilles blessures et votre second mari fut peut être de ceux-là, Isabelle, il a cru en vous, et cette confiance semble vous avoir donné des ailes. Il y a quatre mois, il est décédé. Il y a bien de quoi vous effondrer, bien sûr, laissez-vous un peu de temps, vous avez le droit de pleurer un être qui vous donnait tant de bon. Pourtant, personne ne vous enlèvera ce qu’il vous a donné. Ce regard, cette confiance, protégez-les comme un trésor au fond de vous-même, Isabelle, appuyez-vous sur ces cadeaux et prenez en soin car ils vous donneront aussi de quoi résister à votre fils et à sa violence…
Là ou votre mari faisait contre-poids, votre fils se retrouve probablement très débordé par ce qu’il ressent. Pourquoi ne pas lui parler, de lui, de vous, de la possibilité d’être un homme autrement que par la violence. Il aimait son beau-père et a donc dû être très affecté par son décès, il vous en veut peut-être, même si bien sûr, vous n’y êtes pour rien.
Le remettre à sa place, le cadrer, résister, revient aujourd’hui à ne pas vous laisser réembarquer dans un scénario de violence où vous vous retrouveriez battue par un homme, fut-ce votre fils. Aujourd’hui, sans votre mari à vos côtés, à vous de le remettre à sa place, et à vous encore, seule ou avec l’aide d’un tiers, de transformer cet enchaînement peut-être inconscient et pourtant… bien trop connu !