Fille unique, je me suis mariée jeune pour quitter des parents très stricts et sévères. J’ai épousé un ingénieur qui a une belle situation et nous avons 2 filles. Je me suis occupée de mes enfants et mon mari n’avait pas grand-chose à dire à la maison car je gérais tout. Je me devais d’être une bonne mère et une bonne épouse. Il y a 13 ans environ, j’ai découvert qu’il me trompait. Ce fut un cataclysme, aujourd’hui, je vis chaque jour avec l’angoisse qu’il ne recommence. Élise, 50 ans

Par Vanessa Greindl, psychanalyste

Chère Élise, comment vivre ce qui vous arrive comme un tournant, à négocier, à anticiper, à préparer. Vous avez vécu, semble-t-il, jusqu’il y a treize ans sur une voie toute tracée, être une bonne mère, une bonne épouse et « tout gérer »…

Chacun son rôle, lui était « ingénieur » avec une belle situation, comme vous le précisez, et vous, une bonne mère, une bonne épouse qui devait tout contrôler.  Et voilà que, dans ce tandem, visiblement, les choses n’étaient pas si simples. Sur cette route droite, quelques petits coups de canifs dans le contrat sont venus vous indiquer que vos certitudes étaient mises à mal, que vous ne gériez pas tout, que vous ne lui « suffisiez plus » selon votre propre expression. Vous ajoutez, « je ne peux pas être tout le temps à ses côtés et j’ai comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, terrifiée à l’idée qu’il ne recommence ». Qu’est-ce que cette terreur vient faire là ? Que vous soyez peinée, blessée, triste, furieuse, choquée,… mais non, vous êtes terrifiée. De quoi avez-vous donc si peur ? Votre façon de contrôler la situation, depuis votre mariage, était-elle déjà une façon de vous défendre contre l’inconnu, l’improviste, le changement, ce qui sort de votre maîtrise ? Vous avez beaucoup « géré » vos enfants, la maison, vous vouliez être l’épouse et la mère parfaite… mais rien ne vous mettait à l’abri de ce qui se passe pour lui, chez lui, en lui, et bien évidemment, vous ne contrôlez rien de son monde intérieur, ce que vous ne pouvez qu’accepter.

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S’il ne s’agit pas ici d’admettre en souriant que votre homme vous trompe, il s’agirait néanmoins d’apprendre à supporter que certaines choses vous échappent, et notamment le monde intérieur de l’autre. Pour ce faire, je vous encourage vivement, Élise, à entamer un travail personnel qui vous permettrait de vous dégager de la terreur que vous inspirent les actes de votre mari, ce qui vous rendrait une certaine liberté. Vous ne pouvez le veiller, le surveiller, l’accompagner à tout moment. C’est à lui de faire ce travail, de se garder lui-même, de se contrôler – ou pas.

Et à vous reviendra la tâche d’aviser et de décider comment vous comptez faire face au comportement de votre mari.

La mort peut aussi donner du fruit…