Il arrive que quelqu’un soit tellement pris dans l’engrenage qu’il ne lui semble plus possible de prendre du recul. Tout l’entourage se rend compte que quelque chose cloche, sauf la personne elle-même. Telle une personne en burn-out qui n’arrive plus à se dissocier de ses besoins profonds et est envahie par une fatigue telle qu’il n’y a plus beaucoup de place pour l’empathie envers les autres, collègues et famille. C’est ainsi que parfois, à bout d’alternatives et le cœur lourd de soucis, une compagne ou un parent contacte un coach… pour quelqu’un d’autre!
Une situation délicate dans laquelle il est bon de réagir avec tact et délicatesse.
Par Daniëlle De Wilde, Mentor et Coach au BAO Group
Êtes-vous suivi par un médecin ?
C’est ainsi que j’ai bien pris le temps d’écouter Géraldine (nom fictif) qui depuis des semaines voyait l’état de son perfectionniste de mari se dégrader, jusqu’au jour où elle l’a trouvé en pleurs devant son PC, dans l’impossibilité totale de mettre de l’ordre dans les mille choses qu’il pensait devoir gérer, François n’arrivant plus à nuancer, à séparer l’urgent et l’important du reste.
Dans des situations de ce type, un coach doit bien connaître quelle est sa place et ne pas hésiter à demander le soutien d’un expert. Ma première réaction a donc été : ‘Est-il suivi par un médecin ?’ Car le somatique est bien réel et il est bon d’unir ses forces pour accompagner au mieux l’individu en souffrance. Après consultation, le médecin a en effet recommandé une absence d’une semaine (pour commencer) afin de faire un bilan à tête reposée.
Du pourquoi au comment ?
Prenant le temps, durant une séance de coaching, d’établir la liste des différents symptômes physiques, comportementaux, émotionnels et psychologiques, dont il souffrait, François ne put faire autrement que de m’exprimer tout haut : ‘C’est donc le fameux burn-out!’
Le plus important dans le travail de coaching que j’ai mené avec lui fut de l’amener par un questionnement ouvert et justement rythmé à prendre conscience des croyances qui régissaient son comportement d’auto-sacrifice et de perfectionnisme exagéré ainsi que de l’inciter à quitter son ruminement continu sur le passé et l’auto-reproche:
Pourquoi n’ai-je pas réagi à temps ?
Pourquoi n’ai-je pas eu l’audace de demander de l’aide en interne et de dire non sachant que ma charge de travail devenait de plus en plus lourde ?
Se focalisant sans cesse sur un sentiment d’échec et de ressentiment envers lui-même, il lui devenait complètement impossible de sortir de sa vision tunnel et donc de mobiliser ses sources créatives pour envisager des actions bénéfiques pour l’avenir. Il convenait donc de l’amener à envisager des solutions possibles, de le reconnecter à ses passions, de le brancher à sa créativité avec des options innovantes.
Prendre conscience : le premier pas vers le pouvoir du choix
Quel avantage a-t-il de travailler comme un forcené alors qu’il adore la nature, les feux de camp, la pêche au crabe et les enfants ?
Que risque-t-il en prenant un mois sabbatique pour se refaire une santé ?
Est-il vrai que tout le monde le montrera du doigt et le considèrera comme un faible ?
Jugerait-il les autres avec la même sévérité qu’il se juge lui-même ?
Que se dira-t-il à la fin de sa vie, sur son lit de mort ?
Qu’est-ce qui lui procure encore de la joie à 34 ans ?
Que se passerait-il s’il faisait un pas en arrière et se contentait, maintenant que les enfants sont encore petits, de faire un job qu’il est sûr de pouvoir accomplir sans toujours avoir peur qu’on le prenne pour un imposteur ?
La potion magique ?
Nous n’en sommes qu’à notre première séance de coaching et bien évidemment, un coaching n’est pas la panacée universelle mais j’ai bon espoir, pour François et toutes les personnes qui, comme lui, ont le courage de se faire accompagner dans des moments fragiles, qu’il aura l’occasion de se voir et de s’apprécier au miroir de plusieurs angles complémentaires.