Je suis divorcée depuis 11 ans, et mon fils de 14 ans s’arrange toujours pour saboter ou compliquer toute relation que je puisse engager avec un homme. Et spécialement quand il y a des enfants. Résultat, je suis toujours célibataire.Marie 42 ans,
Chère Marie, le moins que l’on puisse dire, c’est que votre fils a de la suite dans les idées et qu’il parvient à ses fins. Et pourtant, quelles fins ? Vous n’en dites pas suffisamment dans votre courrier pour avoir une idée là-dessus, mais, de façon assez universelle, un enfant de trois ans (âge qu’il avait lorsque vous vous êtes séparée de son père) souhaite avoir sa maman pour lui tout seul, même lorsque son père est toujours en couple avec celle qui lui a donné le jour. Lorsque les parents se séparent et qu’il se retrouve seul avec elle, il tente de la garder toute à lui, de l’avoir, de la porter ou de lui occuper l’esprit, le corps, le temps, l’espace. Naturellement, tout enfant tente d’occuper l’espace parental, avant d’embrasser d’autres projets plus personnels et plus propres à lui-même.
Tenter vers ce but est une chose, l’atteindre en est une autre… Pourquoi donc, Marie, votre fils parvient-il donc à son objectif avec tant de succès ? Ne l’y aidez-vous pas un peu ?
Votre position par rapport à vos desseins est-elle suffisamment affirmée ? Ou hésitez-vous, aussi, à oser signifier à votre fils l’importance de cette relation pour vous, le désir que vous avez d’y mettre du temps, de l’espace, de la place, et les conséquences naturelles que cela pourrait avoir pour lui dans son lien avec vous ? À vous lire, il fait chez vous la pluie et le beau temps, l’amour et le désamour, l’engagement et le non engagement… Quel poids pour lui, mais quel pouvoir aussi ! Pourquoi donc est-ce lui qui tient le gouvernail de votre vie sentimentale ?
Ne serait-il pas intéressant de vous interroger sur ce qui, en vous, donne tant de pouvoir à ce fils de 14 ans, et de vous faire aider éventuellement afin de reprendre les commandes de votre vie, ce qui lui permettra aussi de mieux prendre la direction de la sienne ?
Par Vanessa Greindl, psychanalyste
