Il faut savoir maîtriser sa langue, son coeur et son sexe (Anarchasis)

Parmi les nombreux défis qui nous attendent, qu’en est-il du défi de l’érotisation de notre société ? Libérer le désir,  congédier les interdits, jouir sans entraves, la société moderne se targue d’avoir repoussé tous les tabous et toute morale restrictive. L’utopie est tentante. L’erreur est de croire qu’elle est sans conséquences. Au lieu d’être libératrice, la révolution sexuelle a déclenché une l’hypersexualisation de notre quotidien.

par Diane Drory, psychologue et psychanalyste.

L’ère actuelle subit des provocations et des sollicitations sexuelles permanentes associées à une banalisation affligeante de la pornographie. Celle-ci n’épargne pas les enfants, qui y trouvent accès sur Internet. Le sexe est partout. Il s’achète, il se vend, il se loue, il vend et fait vendre.

La pornographisation devient omniprésente dans l’espace public, dans la publicité, la mode, la littérature, la presse écrite, la télévision, Internet, les comportements et les fantasmes sexuels, etc.

Les magazines préférés des adolescentes les invitent à utiliser leur apparence physique et la sexualité pour plaire et être reconnues. Elles grandissent ainsi dans un environnement culturel truffé de messages à caractère sexuel. Proies idéales des marchands de mode, elles apprennent à se mettre en valeur et à séduire. Prisonnières du regard de l’autre pour exister, elles deviennent des objets du désir, alors qu’elles n’ont pas encore les moyens d’être sujets de désir. L’hypersexualisation, étant à la fois leur avenir et l’étalon de leur réussite de séductrice, est également leur prison, leur nécessaire soumission aux désirs d’autrui, aux désirs masculins. Elle s’accompagne souvent d’une souffrance de ne pas aimer son corps, puisqu’il donne le sentiment de ne jamais être à la hauteur de ce que la société exige. Face à la pression sociale, les parents sont parfois dépassés, parfois complices…

Et qu’en est-il de nos enfants ? Leur demander dès l’école gardienne s’ils ou elles ont déjà un(e) amoureux(se), n’est-ce pas leur mettre une pression néfaste ?  Que penser de la tendance d’offrir un après-midi de soins de beauté en guise de « goûter d’anniversaire » à une gamine de 7 ans et ses amies ? Que penser de l’engouement actuel pour les concours de mini-miss ? Des vêtements super sexys dont on habille déjà les bébés ? Ou encore d’offrir un soutien-gorge rembourré à sa fillette de 6 ans ?

Jusqu’où va-t-on laisser la société mercantile et la recherche du profit voler leur enfance  aux enfants ?

Notre société est paradoxale. Elle condamne, à juste raison, la pédophilie qui utilise le corps de l’enfant pour assouvir des pulsions adultes. Cependant, dans le même temps, la publicité et les médias n’hésitent pas à exposer ce même corps dans des postures lascives ou provocatrices qui relèvent de la sexualité des adultes.

ll est urgent de réfléchir et de réagir, afin de combattre la chosification de l’humain en général, et de l’enfant en particulier. Puissent les résistances s’organiser afin que les adultes aident les enfants à devenir des têtes pensantes plutôt que des corps esclaves…

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