Investir plus dans l’éducation que dans la santé des seniors

Le 13 mars prochain, Flagey accueillera en ses murs le chirurgien, urologue, entrepreneur et essayiste français Laurent Alexandre (auteur de « La guerre des intelligences. Intelligence artificielle versus intelligence humaine ») pour une conférence intitulée :

« Face à l’Intelligence Artificielle, qu’apprendre à nos enfants ? »

Un enjeu crucial dont il nous décrit les contours.

Que va changer l’I.A. dans notre société ?

Nos façons de travailler vont évoluer de façon radicale, des emplois vont disparaître… En médecine, aucun praticien ne pourra égaler l’I.A. pour interpréter une radio ou un scanner par exemple. Si des véhicules se conduisent seuls à l’avenir, cela transformera le monde des taxis, des chauffeurs routiers, des livreurs… De nouveaux métiers vont émerger, plus complexes, plus techniques. Comme le dit Yoshua Bengio, l’un des plus grands spécialistes de l’I.A. actuellement, il n’est pas réaliste de penser que les routiers mis au chômage par les camions autonomes deviendront data scientists. Nous allons rencontrer une exigence de qualification plus forte, or la formation à l’école ne marche pas très bien et prépare mal à ces métiers. Le niveau moyen des jeunes n’est pas adapté à cette nouvelle économie et forme de capitalisme…

Quelles seront les conséquences de cette inadaptation ?

La question est : que va-t-on faire, dans les décennies futures, des gens qui seront moins intelligents que l’I.A ? Deux scénarios possibles. Dans le premier, nous galopons et parvenons à réformer l’enseignement pour mettre nos enfants là où ils seront supérieurs à l’I.A. Le second, plus pessimiste, décrit par Yuval Harari dans ses livres (« Homo Deus » et « 21 leçons pour le XXIe siècle », NDLR), est celui d’une société à deux vitesses, avec d’un côté des « dieux » et de l’autre des « inutiles »… Les premiers maîtrisant l’I.A. et s’enrichissant, les seconds ne comprenant pas l’économie nouvelle et se contentant du revenu universel en attendant leur mort. Si on ne réforme pas rapidement le système éducatif, Harari aura raison. Et cela mènera à une révolution, tant les écarts sont en train de se creuser.

Comment rendre notre système éducatif pérenne selon vous ?

En plaçant nos enfants où l’I.A. sera mauvaise. Aujourd’hui, l’école envoie les gosses là où elle sera supérieure au cerveau humain. Dans le technique, le professionnel… On forme des chauffeurs routiers, des comptables, etc. Des domaines qui seront bientôt automatisés. Il est peu probable que l’on ait encore besoin de comptables dans quinze ans. Certains deviendront experts-comptables, mais peu… (2 à 5% selon une étude française). Il va y avoir un problème de reconversion. Idem pour les camionneurs, même si les voitures autonomes ne seront pas au point dans 6 mois… Les écoliers d’aujourd’hui seront encore au travail en 2070. Il faut que leur formation soit adaptée et qu’elle dure jusque là, au moins. Et on en est loin.

Quel est le rôle des pouvoirs publics pour y parvenir ? Et celui des parents?

Il faut investir dans l’éducation… Si l’on veut des bons profs, capable de personnaliser leur enseignement, il va falloir les payer davantage. Engager des PHD en éducation, qui savent comment débloquer, magnifier et développer le cerveau des enfants. Entre 2 et 5 ans, le cerveau produit un million de synapses – de connexions entre neurones – chaque seconde. C’est là qu’il se construit. Il faut donc mettre le paquet, faire des choix… Une société courageuse investirait davantage dans l’éducation que dans la santé des seniors. Miser davantage sur les futures générations plutôt que d’investir dans la mienne! (…) L’objectif de cette conférence sera donc d’appréhender la nouvelle donne et les enjeux liés à l’I.A., pour permettre aux parents de développer une véritable stratégie. Envisager le cerveau de leur enfant comme l’on envisage le développement de son entreprise.

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Le 13 mars prochain, Flagey accueillera en ses murs le chirurgien, urologue, entrepreneur et essayiste français Laurent Alexandre pour une conférence intitulée : « Face à l’Intelligence Artificielle, qu’apprendre à nos enfants ? ». Un enjeu crucial dont il nous décrit les contours.