La sensorialité des soins

Des huiles à effet frais ou des baumes nourrissants gonflés d’eau qui combinent le confort et la légèreté, la nutrition et l’effet tenseur. Les cosmétiques anti-âge jouent la surprise et trompent nos sens pour mieux nous ravir. Plus que jamais, la beauté est une affaire
de plaisir et de ressenti.

Par Isabelle Blandiaux

 

Le rituel de la salle de bain – pièce qui s’agrandit au fil des années dans la maison et prend parfois des allures d’espace de détente avec jacuzzi et douche dotée d’une fonction ‘chromothérapie’ – n’est pas toujours très long au quotidien vu nos modes de vie surchargés. Mais le bien-être et l’expérience sont désormais indissociables de nos gestes de beauté, lors de ces instants face au miroir. Inconcevable de s’appliquer sur le visage une crème – même hyper efficace – dont l’odeur incommode ou qui laisse la peau collante. On attend d’un cosmétique qu’il apporte du plaisir par des sensations visuelles, tactiles, olfactives. Une tendance holistique venue d’Asie, alors que l’Occident était autrefois uniquement obsédé par la preuve scientifique. Le souci de surprendre et flatter les sens des consommateurs/trices rejoint logiquement celui d’élaborer un soin qui tient ses promesses, dans les laboratoires, en une réflexion globale. « Contrairement au médicament où le principe actif est la molécule vectrice de son activité, un cosmétique agit par son ensemble, ingrédients actifs et ingrédients de texture. Le médicament est en général ciblé sur une cible biologique ou des symptômes diffus (mal de tête, fièvre…) alors que le cosmétique vise une action multifactorielle et polyvalente. En plus d’une notion d’efficacité biologique stricto sensu, des notions nouvelles, comme la sensorialité, le confort, le parfumage, la tenue, la matité, la rémanence ou la pénétration maîtrisée nécessitent l’ensemble des éléments de la formule dans des proportions adéquates », explique Frédéric Bonté, directeur de la Recherche Scientifique chez Guerlain.

Texture star depuis quelque saisons, l’huile anti-âge pour le visage a plus d’un atout. « Elle est appréciée pour ses propriétés nourrissantes et adoucissantes, en particulier pour la peau mature et sèche, mais elle est aussi très adaptée pour un climat sec maintenant que les jours deviennent plus froids », explique cet expert en soin Chanel, marque qui a développé une crème-huile dans sa gamme Le Lift. L’huile présente également pour avantages sa richesse en acides gras essentiels, vitamines et antioxydants… et une certaine naturalité puisque, contrairement aux émulsions, elle ne nécessite pas l’utilisation de conservateurs. Pour autant, cette texture en rebute certain(e)s, par le film parfois brillant qu’elle dépose sur la peau. D’où l’apparition sur le marché de produits hybrides, qui combinent la fraîcheur revigorante pour l’épiderme comme l’esprit et la nutrition intense. Ainsi des baumes/huiles-en-eau ou des sérums comprenant deux phases distinctes, l’une huileuse et l’autre aqueuse. « Nous concilions les opposés comme avec notre baume-en-gel Masque de Nuit Récupérateur Le Lift, pour combler les souhaits des femmes d’aujourd’hui, dont le mode de vie est en constante évolution (les voyages, la nourriture, le manque de sommeil…). Nous testons les textures et mesurons les résultats sur un panel de consommatrices d’âges et de nationalités différentes », reprend l’expert soin de la maison aux 2c mêlés. « Ces femmes ont une peau sensible et essayent les produits, en tenant compte de l’utilisation en combinaison avec le maquillage. Elles nous disent comment elles ressentent la crème, si elle est rapidement absorbée, etc. »

Pour sa gamme Abeille Royale, à base de miel d’abeilles noires, espèce endémique rare de l’île d’Ouessant, Guerlain a mis au point une huile-en-eau jeunesse aux multiples facettes. « Nous y avons associé la délivrance des produits de l’abeille aux propriétés réparatrices dans une phase texturée glycolique (non huileuse) contenant des billes composées d’une matrice chargée en huile de Commiphora », détaille Frédéric Bonté. « L’huile de Commiphora cible les kératinocytes pour stimuler les phénomènes clés de régénération et ainsi compléter les propriétés de réparation du miel d’Ouessant. À l’application sur la peau, les billes se brisent et délivrent leur actif tout en donnant un fini nourrissant à la couche cornée. Mais la formule ne délivre aucune sensation de film gras. Après légère agitation, le produit total prélevé avec une pipette, se rapproche d’un biphase. Nous avons travaillé la dureté des billes via le contrôle de l’épaisseur de leur couche de polymère, pour éviter leur agrégation spontanée et préserver leur individualité. »

Autre textures dans l’air du temps ? Les brumes et essences préparatoires qui « fournissent à la peau une pré-hydratation, laquelle favorise l’absorption des ingrédients appliqués dans la foulée », comme l’analyse l’expert soin Chanel. Ces eaux chargées d’actifs sont nées en Asie, où les Coréennes restent de ferventes adeptes du layering, soit des rituels de beauté complexes comprenant jusqu’à 16 produits appliqués du démaquillage au maquillage. « Les femmes attendent plutôt des soins légers, de manière globale. En Asie, c’est une évidence. En Europe, il faut combiner cette légèreté à des actifs nourrissants comme on l’a dit plus tôt, parce que les besoins liés au climat ne sont pas les mêmes. Nous constatons également que l’effet de surprise est très apprécié, lors des commentaires spontanés émis lors des tests que nous réalisons : quand on voit le produit, on s’imagine quelque chose et puis quand on l’applique, autre chose se passe. C’est vers là qu’on se dirige de plus en plus », ajoute Frédéric Bonté, directeur de la Recherche Scientifique chez Guerlain. On voit une huile et on ressent de la fraîcheur en l’appliquant, on prend un baume sur les doigts puis il se casse au contact de l’épiderme du visage pour devenir aqueux, on prélève un peu de poudre qui se met à mousser avec de l’eau… Ces innovations en matière de transformation ont lieu dans les laboratoires, en mélangeant certains ingrédients ou en les modifiant chimiquement pour faire varier leurs propriétés comme « leur température de transition de phase donc de passage d’un état à un autre ».

Textures de jouvence

1. Masque de Nuit Récupérateur Le Lift de Chanel. Un baume-en-gel fermeté et antirides qui agit la nuit, quand les cellules se renouvellent. 98€ les 75 ml.

2. Huile-en-Eau Jeunesse Abeille Royale de Guerlain. Une formule non grasse pour une peau repulpée et éclatante. 94€ les 30 ml.

3. Double Sérum de Clarins. Une phase hydrique et une phase lipidique pour un traitement anti-âge intensif. 115€ les 50 ml.

4. La Micro-Huile de Rose Dior Prestige de Dior. Un pré-sérum pour rééquilibrer les peaux désynchronisées par la fatigue, le stress… 220,53€ les 30 ml (sur le site de Dior dès le 25/10 et à partir du 22/11 dans les points de ventes Prestige de Ici Paris Xl, chez Planet Parfum et dans les parfumeries indépendantes).

5. Baume-en-Eau à la Rose Noire de Sisley. Un voyage sensoriel repulpant et vecteur d’éclat. 153€ les 50 ml.

6. Lotion Revitalisante à la Rose Absolue Precious Cells de Lancôme. Une texture gel légère infusée d’authentiques pétales de roses, qui se liquéfie à fleur de peau. 92€ les 150 ml.

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