Hommes, femmes, argent: la fin des inégalités?

Objet de pouvoir ou d’indépendance ? Source de liberté ou de conflits déclarés ? Notre rapport à l’argent est-il encore influencé par notre genre ?

La question peut sembler éculée. Pourtant, elle reste une préoccupation qui attise les recherches et la curiosité des spécialistes. « Comprendre les relations qui nous lient avec l’argent, c’est comprendre l’homme », déclarait, à nos collègues de Psychologies France, la psychanalyste Ilana Reiss-Schimmel, dans “ La Psychanalyse et l’argent ” (Odile Jacob).
Pour la philosophe et psychothérapeute Nicole Prieur et son mari, Bernard, psychanalyste et thérapeute familial (auteurs de « La Famille, l’argent, l’amour », paru chez Albin Michel), le sujet reste cependant tabou pour bon nombre d’entre nous. « Les gens parlent plus facilement de leur sexualité que d’argent. Quand on aborde la question en thérapie, ils ont un mouvement de retrait qui semble signifier : “ Comment osez-vous ? ” (…) Qu’on le veuille ou non, l’argent génère des affects, des conflits. »

“Comprendre les relations qui nous lient avec l’argent, c’est comprendre l’homme”

Niveau pudeur et discrétion face aux finances, que l’on soit un homme et une femme, il n’y a, semble-t-il, pas de différence. Interpellant, lorsque l’on sait que ces dernières n’ont acquis, en Belgique, une relative indépendance financière qu’en 1900. À cette époque, les femmes mariées peuvent toucher une partie de leur propre salaire, ouvrir un compte d’épargne et retirer de petites sommes sans l’autorisation de leur époux. Certaines dépenses leurs sont autorisées pour autant qu’elles soient dédiées à l’organisation et au confort du ménage. Ce n’est qu’en 1922 qu’elles peuvent disposer du revenu de leur travail pour en user librement. Quant à l’égalité salariale, elle n’est, à ce jour, pas encore acquise. Comment, dès lors, imaginer un réel parallèle entre nous toutes et tous ? D’autant que l’homme porte lui aussi le poids séculaire de sa bourse.
Une perception décryptée par Marie- Laure Cantau-Ramenah, psychologue : « L’homme perçoit son rôle par rapport à l’ancien modèle paternel, celui qui protège et nourrit, mais son anatomie participe aussi à la perception qu’il a de lui-même. La différenciation sexuelle vécue et connue très tôt nous structure et produit du fantasme. Chez l’homme, l’argent est vu comme un objet de substitution qui peut être fécondant. Il est toujours lié à la puissance sexuelle. Cette dernière ne se manifeste pas uniquement au lit. C’est une force de proposition, de décision, et elle risque de s’amoindrir quand la femme fait vivre le foyer. » Car c’est un fait : certaines femmes font exploser depuis plusieurs années le plafond de verre qui les maintenait à des fonctions subalternes. Et cette ascension s’accompagne de questions nécessaires liées au développement de leur patrimoine.

Chez Deutsche Bank, par exemple, 36% des postes de senior management sont occupés par des femmes. L’occasion d’interroger Jirka Biebuyck, Personal Advisor de cette banque d’investissement qui compte, en outre, 48% de femmes dans sa clientèle. « Au quotidien, en agence, je ne note aucune différence entre les comportements des femmes et celui des hommes par rapport à l’argent. Les gens qui nous consultent pour nous demander des conseils en investissement sont tous uniques, autonomes. Avec des questions et problématiques différentes liées à la manière dont ils vont faire fructifier leur argent , qu’il s’agisse d’investir 100 euros par mois ou bien plus. Mais il n’y a pas de distinction de genre. Il me semble que ce qui diffère, c’est davantage l’éducation que l’on a reçue, le style de vie que l’on a adopté, les choix que l’on a posés plutôt que le fait d’appartenir à l’un ou l’autre sexe. »

Pas de soumission, pas de dévirilisation. Une forme d’égalité semble poindre le bout de son nez lorsqu’il est question de placer et de valoriser de petites ou de grosses sommes auprès de spécialistes. L’avenir de l’égalité et de l’émancipation trouverait-il sa source auprès de conseillers financiers ?

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Cette rubrique a été réalisée en étroite collaboration avec Deutsche Bank.

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