J’occupe un poste important et je gagne très bien ma vie, plus que mon mari. J’ai bataillé pour arriver à ce niveau et quitter ainsi mon petit milieu provincial. J’ai de nouveau des insomnies, des crises d’angoisse et peur de m’arrêter. Qui va ramener l’argent à la maison si je tombe malade ? Je sais que j’ai un problème avec l’argent mais c’est plus fort que moi. J’ai peur de manquer alors que la réalité de ma vie me dit tout le contraire. Isabelle, 42 ans
Par Vanessa Greindl, psychanalyste et psychologue
La peur de manquer…Vous dites avoir un problème avec l’argent, plus fort que vous, plus fort que la réalité même, puisque rien ne vous rassure, alors qu’au fond, dans la vie réelle, aucun problème de ce type ne se présente vraiment. Votre peur viendrait-elle donc d’ailleurs, d’un autre lieu, d’un autre temps ? Vous avez déjà fait un burn-out, Isabelle, avez-vous une idée du pourquoi, du comment, de ce qui vous est arrivé à ce moment ? Qu’avez-vous mis en place alors non seulement pour en sortir, mais aussi pour comprendre ce qui vous était arrivé ?
Vous avez mis beaucoup d’énergie pour en arriver là. Vous vous êtes battue, vous vous êtes donnée à fond, pour parvenir à ce point où, du point de vue de la réalité, vous ne devriez plus vous inquiéter, vous pourriez dormir sur vos deux oreilles et souffler… enfin. Et voilà que l’inverse se produit, vous ne pouvez plus vous arrêter, et vous ne dormez plus ! À vous lire, vous veillez sur tout et tous depuis longtemps, de façons diverses et variées, selon que vous étiez nourrisson, adolescente ou mère de famille aujourd’hui. Toujours, cette position semble vous avoir convenu, et voilà qu’aujourd’hui, ce mail, en substance, souligne qu’au fond, ça ne vous va plus. En faire toujours tant et plus, vous n’en pouvez plus. Mais s’arrêter s’apprend, changer de position, faire confiance à l’autre aussi, demander de l’aide pour apprivoiser une place différente. Passer de celle qui tient à celle qui lâche.
Pourquoi avoir privilégié ce mode d’existence, Isabelle ? À quoi vous servait-il ? Et son rôle, visiblement vital hier, l’est-il toujours aujourd’hui ? Voilà peut-être des questions dont les réponses vous permettraient d’avancer à l’avenir un peu autrement ?