Je suis atterrée et très triste. Elle m’explique simplement qu’elle n’aimait plus le père de ses enfants et qu’elle ne veut pas se sacrifier au nom des enfants. Elle veut vivre pleinement. Avec mon mari, nous avons bien tenté de la raisonner, peine perdue. Je ne sais plus comment me comporter avec elle.
Éliane, 55 ans
Chère Eliane, pour votre fille, vous rêviez d’autre chose. Voilà qu’elle prend la décision de se séparer de son mari, ne vous demande pas votre avis et poursuit sa vie à sa façon. Vous n’imaginiez pas cela pour elle, pour vos petits-enfants, pour votre beau-fils aussi peut-être, et enfin pour vous. Et pourtant, sa vie ne vous appartient pas. Vous « avez tenté de la raisonner », dites-vous, vous lui avez donné votre avis, « peine perdue », écrivez-vous. Pourquoi donc, Éliane ? S’il ne s’agit pas de l’épargner en taisant votre avis, il s’agit néanmoins de supporter qu’elle en fera ce qu’elle décidera. Être parent d’adultes suppose à la fois de lâcher, tout en étant là, disponible éventuellement mais supportant qu’ils mènent leur vie selon leurs choix, leurs valeurs, leurs décisions.
Vous avez semé ce que vous avez pu, voulu, voilà 34 ans. Votre fille a laissé germer certaines de vos petites graines, en a évacué d’autres, a soigné avec ardeur les troisièmes et ce fut son choix. Accepter ses décisions tout en lui faisant part de vos réflexions face à ce qui se passe, en acceptant que votre point de vue reste le vôtre, et qu’il ne soit pas suivi, peut-être est-ce une façon d’être mère d’une femme libre ?
Une chose est d’être libre, une autre de supporter que ses enfants le soient ! Ce qui suppose un fameux chemin de croissance !