Peaux d’âmes selon Enes

Artiste peintre, Emmanuel Demuynck pense le vêtement en associations de formes, de textures et de couleurs. En tableaux raffinés faits pour durer. En arrivant à la tête du style de la maison de cuir belge Enes, il a découvert un monde d’une infinie variété. « Il y a autant de cuirs que de tissus : des velours, des suèdes, des plongés, des cuirs teints de manière végétale aux couleurs plus profondes.

Par Isabelle Blandiaux

On peut jouer avec différents poids, tombés, souplesses, pour reproduire l’effet d’une gabardine de coton raide ou d’une blouse en mousseline aérienne. Porter du cuir très fin à même la peau est très sensuel. J’ai travaillé une chemise à volants qui aurait pu être en soie. C’est intéressant de dépasser les frontières, les usages habituels pour ouvrir les esprits. Le cuir ne doit pas être réservé à la veste et au pantalon : j’ai créé des T-shirts, des gilets, des robes, des jupes plissées… Selon la façon dont on assortit la pièce, on la transforme et on la fait aisément traverser les saisons en Belgique. Elle traverse aussi les années dans sa matière noble, à contre-courant d’une mode jetable. »

Exit les habituels bruns et noirs, Emmanuel ose hausser le ton avec des classiques comme le blanc, le camel, le kaki ou le marine mixés à des teintes fortes : bleu vif, rouge, rose, turquoise, vert… « Ces tonalités donnent bonne mine, apportent de l’éclat, de la joie. Pour la collection de cet été, je me suis inspiré de la Méditerranée, entre Marrakech et l’île de Santorin, d’un style bobo chic aux accents vintage. J’ai fait une étude des finitions des cols et des bords dans les années 60 et 70 et je les ai adaptés à notre époque. Quant aux rayures, elles sont constituées d’assemblages de daim et de cuir très fin, comme celui qu’on utilise pour les gants. »

Toutes ces peaux sont travaillées dans des ateliers d’Istanbul, d’où est originaire le fondateur de la marque, Hugo Denizli. « Ma famille travaille dans le secteur du cuir depuis longtemps », dit ce dernier. « J’ai emprunté cette voie naturellement. On connaît la qualité des tanneries en Italie et en Espagne, moins celle des tanneries turques, qui bénéficient pourtant d’un savoir-faire ancestral et de techniques en pleine évolution, ouvrant le champ des possibilités avec le cuir stretch, les imprimés… Cela fait de nous une maison de prêt-à-porter à part entière. »

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