Nombre d’entre nous, affligés par le spectacle d’un monde en péril face aux défis économiques, géopolitiques et environnementaux actuels, se sentent impuissants. Nombreux sont ceux qui s’enfoncent dans le déni, dans une vision négative de l’avenir et dans la peur de la perte de leur confort et de leurs acquis. Pour beaucoup de penseurs, noirceur équivaut à profondeur. L’homme doit-il être sinistre pour être crédible ?
Par Diane Drory, psychologue et psychanalyste. Spécialiste des troubles de la petite enfance.
C’est sans doute pourquoi, à la perspective de l’avenir proche de notre planète, la joie n’est pas la première émotion qui vient à l’esprit. Et pourtant… là où la convoitise, la déception, l’angoisse construisent un mur entre moi et l’autre, la joie, quant à elle, bâtit des ponts entre la vie et ses aléas.
Beaucoup considèrent la joie comme un moment, un intermède ou une parenthèse au cœur du morne ou du banal. Elle est, c’est évident, émotion, sentiment de contentement intense. Mais cette « bonne humeur » peut aussi fleurir sans cause évidente.
L’ironie veut que nous n’ayons quasi aucun contact avec la joie parce que nous sommes obsédés par le bonheur. Le bonheur idéalisé, tel qu’il est recherché de nos jours, est une quête superficielle, une béquille. Le bonheur se passe dans nos têtes, la joie vient de notre présence au cœur. La joie véritable fait passer de l’état d’esprit du quotidien à la haute fréquence du chakra du cœur. Créer ces instants de joie ne dépend d’aucune technologie, elle est cette attitude qui reconnaît notre interdépendance avec le monde extérieur.
Peu importe la morosité du quotidien, il existe toujours des moments d’humour, de rire et même de légèreté pour distiller de la joie : se laisser bercer par une musique, se réjouir devant nos salades qui poussent, s’émerveiller devant l’enfant fasciné par un papillon. Ou encore s’attendrir d’un livre qui a charmé notre enfance, apprécier une amitié sincère, savourer une marche le long d’un torrent… La joie nous offre la sensation profonde d’avoir une raison d’ « être », d’exister au plus haut point.
La joie augmente la résilience, transcende les circonstances du moment, dynamise l’être et nous apprend à apprécier des expériences et des sensations toute simples. Cultiver la joie n’est pas une utopie loufoque mais un engagement , une ouverture du cœur vers l’énergie positive qui nous entoure.
Balayons les lamentations, dispersons l’énergie de la joie! Ce cadeau-là, nous pouvons le cultiver sans modération pour en nourrir notre entourage et transmettre ce savoir-être aux générations suivantes. Notre joie est contagieuse et nous réconcilie avec ce qui nous entoure. Cette force vitale augmente notre capacité à agir bénéfiquement sur nous-mêmes et dans le monde.
Le manque de joie ampute notre vie de l’essentiel.