La rencontre amoureuse, deux inconnus sur un bateau ?

Toutes nos histoires d’amour ne se déploient pas selon un modèle unique, mais il n’est pas rare qu’elles s’amorcent par un processus qui s’apparente à une « fausse reconnaissance », comme lorsque nous interpellons dans la rue un inconnu que nous confondons avec un ami qui lui ressemble. Dans ce cas, nous nous excusons et nous changeons de trottoir, alors que dans l’éblouissement amoureux, si bien décrit par Stendhal, nous nous complaisons dans ce qui s’apparente parfois à un véritable délire ! « Nous fûmes, c’est certain, faits l’un pour l’autre de toute éternité… C’était écrit dans le ciel… Je te devine avant même que tu ne parles… C’est incroyable, je suis en toi comme chez moi… » Cette conviction servira de « mythe fondateur » au couple qui se constitue et c’est elle qui le conduira à oser se lancer dans cet incertain voyage de la vie à deux. Mais, s’il veut naviguer au long cours, le couple devra immanquablement se départir de cette illusion. Si les yeux des amants ne se sont pas ouverts plus tôt à leurs différences, les premières tempêtes peuvent être dramatiques. « Quoi ? C’est incroyable ! Comment peux-tu ? Qui es-tu pour réagir ainsi ? Ah, vraiment, tu as bien caché ton jeu… Jamais je n’avais imaginé que tu pourrais te comporter avec moi de cette façon… Etc. » Tous les navires ne résistent pas. Les naufrages sont fréquents, comme vous le savez ! C’est donc bien quand le bateau vogue gaiement, poussé par un alizé régulier, qu’il faut parler, dialoguer, décider d’affronter nos mystères et reconnaître que le jour où nous avons décidé de vivre ensemble nous nous sommes embarqués avec deux inconnus : mon conjoint et… moi ! Il nous arrive souvent, en effet, de nous surprendre nous-même. « Je n’avais pas anticipé que je pourrais réagir de cette façon… C’est étonnant, mais je croyais être profondément affecté par cet événement qui en réalité me laisse indifférent… Ou l’inverse… Pourquoi ai-je pris cette décision, fait ce choix ? Etc. » Si la vie conjugale est comparable à l’embarquement pour une longue traversée de deux inconnus sur un rafiot, il s’agit, en réalité, d’une bonne nouvelle. Nous ne nous ennuierons jamais ! Tu me raconteras, tu me surprendras. Je te dirai, je t’étonnerai. Ce ne sera jamais évident. Tu croiras me découvrir et tu feras fausse-route. J’imaginerai te prendre et tu m’échapperas. Nous ne serons jamais transparents. Nous ne nous appartiendrons pas. Un fabuleux programme, non ? Aimer durablement, à travers nos opacités, n’a rien d’un loisir, c’est un vrai boulot. Nous ne sommes pas les simples passagers de nos traversées conjugales, mais tour à tour capitaine et matelot, à la rame et à la voile, sur la dunette et dans la soute… À quoi bon ce travail, me direz-vous ? Eh bien parce que vivre à deux permet de résoudre des problèmes qu’on aurait pu éviter en vivant solitaires ! Cette boutade contient, je crois, une profonde vérité, malgré son apparente absurdité. Nous traverserons des tempêtes d’accord, mais nous voyagerons. Nous ne resterons pas le cul au quai ! On insiste souvent lourdement sur l’impressionnant taux de divorce qui caractérise notre société moderne, on devrait plutôt s’étonner qu’on s’y épouse encore avec une telle ardeur… Nos contemporains ne se marient plus par convention sociale ni par obligation idéologique ou religieuse, ils continuent cependant massivement à s’engager dans des projets de ‘’conjugalité à vocation durable’’.  Les modalités de ces engagements actuels sont multiformes, mais ils révèlent qu’un rêve reste profondément ancré dans notre humanité : nous sommes faits pour quitter nos nids de douillette solitude et nous embarquer, a priori deux par deux, au service de la vie. Le grand large nous appelle. Cependant le point faible de l’équipée, c’est l’équipage. On ne s’improvise pas marin de haute mer, c’est un métier pour une vie entière.

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