Que ressentent les centaines de milliers de femmes de par le monde, qui au lendemain de l’investiture du 24e président des États-Unis, ont défilé pour marquer leur crainte de voir reculer, au nom du machisme et du sexisme, le droit à l’éducation et à l’égalité pour les femmes ? Sommes-nous au paroxysme d’un monde en repli sur soi ? Quel avenir attend les femmes, les enfants sous la houlette de dirigeants comme Trump, Erdogan, ou Poutine ?
Par Diane Drory, psychologue te psychanalyste
Le mouvement de libération des femmes des années 1960 et 1970 fut engendré par la prise de conscience de leur oppression pendant la plus grande partie de l’histoire de l’humanité. Oppression qui hélas sévit encore dans nombre de pays du globe. Les avancées obtenues au cours des 40 dernières années seront-elles effacées par un regain de violence ? Les femmes deviendront-elles, de plus en plus, des cibles faciles ?
Ne soyons pas naïves et préparons dès aujourd’hui notre auto-défense. C’est à nous, les femmes, qui avons tant souffert d’injustice, de mettre celle-ci sans cesse en lumière. C’est cela qu’il faut lire dans les mouvements de masse au féminin qui surgissent dans les démocraties menacées.
C’est à nous, les femmes, de soutenir les valeurs du sens de la communauté, de l’esprit de cohésion et de maintenir les rituels sociaux permettant de tourner la page aux petites violences quotidiennes causées par notre individualisme. Aider chacun à développer son potentiel, à incarner des projets mobilisateurs et à collaborer au lieu de rivaliser, voilà notre rôle. Ne craignons pas de nous engager dans un profond changement qui bouleversera nos habitudes et nos relations sociales. Luttons contre l’égoïsme de notre époque qui incite certains à « gérer » les enfants, à « caser » les vieux, à « s’en balancer » du sort du voisin.
De quelle manière ? En agissant comme cette dame qui a plaidé haut et fort contre l’avis général des copropriétaires qui envisageaient de placer un boîtier avec code à l’entrée du sas de leur immeuble. Pourquoi voulaient-ils bloquer l’entrée dès la rue ? Parce qu’un homme, et ensuite une femme sans abri, étaient venus se réfugier une nuit dans le petit hall d’entrée afin d’échapper aux intempéries de l’hiver. Ils n’avaient rien abîmé, rien sali, mais avaient éveillé la crainte chez les habitants du bâtiment. Malgré les avis divergents, la dame eut gain de cause et le sas d’entrée resta libre d’accès. Signe qu’il existe encore des personnes qui ont foi dans l’humanité…
Quoiqu’il puisse arriver, le souvenir et l’héritage de la liberté et de la dignité ne peuvent disparaître. Pour présenter au monde une petite musique différente, nous les femmes, devrons veiller à ce que la nuance l’emporte sur la simplification de la pensée, matérialisée dans des phrases chocs.