Un cocon pour la peau

Le froid et les chocs thermiques auxquels est soumis notre épiderme nuisent à son éclat, son confort, sa tonicité, sa souplesse, sa douceur. Les laboratoires cosmétiques ont étudié ces agressions et mis au point des soins ‘doudounes’ pour calfeutrer notre peau en hiver.

Par isabelle Blandiaux

Dès que la température frise zéro degré, ma peau commence à tirer, comme si elle était trop petite pour mon visage. Le reste de l’année, elle est mixte mais elle devient sèche sur les joues avec l’hiver et cet inconfort m’oblige à remettre de la crème en cours de journée », témoigne Nathalie, 52 ans. La peau, cet organe le plus étendu du corps humain, évolue au fil des saisons, comme le confirme Édouard Mauvais-Jarvis, directeur de la Communication Scientifique et de l’Environnement chez Dior. « Par 25-30° en été, la peau a tendance à fluidifier le sébum, qui coule à l’extérieur, ce qui booste sa production. C’est un cercle vicieux. Le chaud entraîne une hyperséborrhée naturelle en guise de protection. En hiver, au contraire, puisque le froid fige le gras, le sébum ne sort plus, il devient compact à l’intérieur des pores. Cela bloque toute la chaîne puisque dès l’instant où il ne s’évacue plus, il n’est plus produit derrière, d’où un épiderme globalement plus sec. Ce phénomène altère également l’efficacité de la ‘fonction barrière’ qui lutte contre l’évaporation de l’eau se trouvant dans la peau. Tous les lipides qui sont des ciments intercellulaires et assurent l’étanchéité de l’enveloppe cutanée ont tendance à devenir moins souples et à laisser apparaître des brèches. Soulignons aussi que plus l’air est froid, plus il est sec, moins il contient de vapeur d’eau, ce qui favorise l’évaporation de l’eau de la peau. » Conséquence directe de cette déshydratation ? La desquamation naturelle devient plus difficile et la couche cornée s’épaissit, prend un aspect blanc cendré qui ternit le teint. « Normalement, les cellules de la couche cornée sont attachées les unes aux autres latéralement par des petites protéines », poursuit Édouard Mauvais-Jarvis. « Pour que la
desquamation puisse se faire normalement, la peau dispose d’enzymes dont le rôle est de couper une à une ces petites jonctions et les cellules se détachent de façon fluide et régulière, quasiment insensible. On perd de la poussière de cellules de peau sans s’en rendre compte. En cas de déshydratation, les enzymes ne fonctionnent plus, donc les cellules mortes restent agglutinées par paquets rigides et tirent les unes sur les autres. D’où la sensation de tiraillement. » Le caractère plus tendu de la surface cutanée entraîne en plus des micro-inflammations qui grèvent les fonctions de renouvellement et régénération de l’épiderme.

Circulation au ralenti

Et ce n’est pas tout. Le froid (sous la barre des 5° environ, donc pas nécessairement à des températures polaires) implique encore une constriction des vaisseaux sanguins dans notre organisme. « Dans un premier temps, la circulation périphérique baisse : le corps coupe la circulation en affleurement sous l’épiderme pour éviter de perdre trop de chaleur, et la peau pâlit, se ternit, est moins alimentée en nutriments, en oxygène et moins irriguée, ce qui pénalise son renouvellement cellulaire. Dans un second temps, on a tendance à devenir rouge parce que cette partie-là du corps est réalimentée pour éviter qu’elle gèle. » On l’a compris : on ne peut pas dissocier le fonctionnement cutané de l’environnement dans lequel on vit. « Entre une peau caucasienne et une peau asiatique, par exemple, il n’y a quasi pas de différence génétique (de l’ordre de 0,03%). Ce qui fait vraiment la différence, c’est le climat, les UV, le taux de pollution, le mode de vie, l’alimentation… » Comme le souligne Marie-Hélène Lair, directrice de la Communication Scientifique chez Clarins, protéger sa peau des agressions hivernales, cela commence en buvant une quantité suffisante d’eau, d’infusions, de jus de fruits frais…  « C’est peut-être aussi le moment de revoir ses habitudes cosmétiques et de remplacer les nettoyants qui se rincent à l’eau – souvent trop calcaire – par un lait suivi d’une lotion. » Et ce, pour préserver notre précieux film hydrolipidique et ménager la ‘fonction barrière’ de notre peau.

Chocs thermiques

Plus que le froid à proprement parler, ce sont les chocs thermiques et hygrométriques qui abîment notre enveloppe cutanée. Chez Clarins, on en dénombre 17 en une seule journée. À savoir, passer de l’atmosphère tempérée de l’intérieur au froid de
l’extérieur puis à la voiture surchauffée, de l’air saturé d’humidité et de vapeur dans la douche à l’air sec du chauffage… Tous ces changements brusques stressent notre peau et accélèrent potentiellement son vieillissement. « Notre épiderme est une enveloppe et son rôle consiste à s’adapter en fonction des messages reçus », explique Marie-Hélène Lair. « Quand il est en pleine santé, il y parvient mais en hiver, il est soumis à tellement de stress que les sensations d’inconfort arrivent très vite. » Une étude Clarins a montré que toutes ces transitions entraînent une diminution des molécules éponges (l’acide hyaluronique qui retient l’eau) dans l’épiderme et le derme. Une nouvelle gamme, Hydra-Essentiel, a donc été mise au point pour réactiver le pouvoir auto-hydratant de la peau. « Nous avions entendu parler d’une plante à Madagascar, le kalanchoé, qui résiste à des variations importantes tout au long de l’année : en eau avec la saison des pluies puis la saison sèche et aussi en terme de températures. Nous en avons réalisé un extrait bio qui aide la peau à refabriquer ses molécules éponges. C’est notre philosophie de nous inspirer de la nature, de transposer des processus des végétaux à des mécanismes cutanés. L’hydratation reste la base de l’anti-âge. Il est aussi nécessaire que la peau soit parfaitement hydratée pour que les soins qu’on applique pénètrent et provoquent les bonnes réactions biologiques. »

Manteau cosmétique

Chez Dior, on s’est penché sur une nouvelle texture riche dans la gamme Prestige à la rose de Granville qui lutte contre le processus inflammatoire. Objectif : isoler la peau du froid et la renforcer face aux chocs thermiques. Édouard Mauvais-Jarvis: « Nos actifs naturels jouent un rôle d’anti-gel en mettant en place des mécanismes cutanés qui protègent les structures de l’influence du froid. On a également intégré des petites billes creuses dans la texture qui piègent un peu d’air et évitent que la chaleur produite par la peau ne s’échappe trop vite. Quand on met un vêtement aéré comme une doudoune, on piège un coussin d’air autour de la peau, qui est chauffé par le corps. C’est la base de l’isolation. Plus on multiplie les couches, plus c’est efficace parce que le corps chauffe une première couche qui en chauffe une deuxième, qui en chauffe une troisième, etc. jusqu’à la couche qui perd de la chaleur vers l’extérieur. C’est aussi le principe du double ou triple vitrage. On s’en est inspiré pour maintenir la peau à une température qui la met à l’abri des méfaits du froid. »

Massage ‘éclat’ aux pierres chaudes

Le soin ‘Éclat Cocoon’ de Yon-Ka (environ 1h-1h15 en institut) combine détente, confort et éclat. Particulièrement recommandé pour l’hiver, il utilise différents produits de la marque riche en huiles essentielles et extraits végétaux, sans parabènes. Il débute par un démaquillage puis un gommage sans grain qui décolle les petites peaux mortes. Après la diffusion d’une vapeur bienfaitrice aux arômes, a lieu le massage aux pierres chaudes avec le masque hydratant (Masque N°1) réparateur. Ces pierres sont rondes, volcaniques, donc énergétiques et ont l’avantage de chauffer très vite. La sensation qu’elles procurent est hyper douce et relaxante. « Leur chaleur permet aussi une meilleure diffusion et pénétration des actifs », nous précise Gwenaëlle, formatrice Yon-Ka en Belgique. Après le rinçage, un massage délicat du contour de l’oeil avec un soin au romarin (Phyto-Contour) permet de lutter contre les cernes, les poches et la coloration foncée de la peau. Suit un dernier massage manuel à l’huile chaude, avant le masque modelant aux fruits et fleurs (jasmin) qui durcit et s’enlève d’une pièce, avec coup d’éclat et effet tenseur bien visibles à la clé. Une belle manière de combiner lâcher-prise, plaisir et soin profond pour dorloter sa peau.
www.yonka.be (prix conseillé : 70€).

Douceur à fleur de peau

1. Masque N°1 ‘Age Defense’ de Yon-Ka. Hydratant intense réparateur. On peut le laisser toute la nuit pour une efficacité décuplée. 42€ les 50 ml (www.yonka.be).

2 Bi-Sérum Intensif Anti-Soif Hydra-Essentiel de Clarins. Pour désaltérer durablement et repulper. 62€ les 30 ml.

3. Masque Minéral Désaltérant de Vichy. Avec de l’eau thermale minéralisante, de la vitamine B3
et de la glycérine. 17,95€ les 75 ml (en pharmacie).

4. Masque Concentré Réparateur Contour des yeux Advanced Night Repair de Estée Lauder. Une cure de fraîcheur, d’hydratation et de jouvence en 10 minutes. 14,48€ la pièce.

5. La Crème Texture Riche de Dior Prestige. Un bouclier anti-âge et anti-froid. 356,84€ les 50 ml
(303,33€ la recharge).

6. Baume SOS Haute Réparation de Bio Beauté by Nuxe. Pour peaux sensibles, zones desséchées et fragilisées. Au cold cream naturel. Visage et corps. 16,50€ les 50 ml
(en pharmacie).

7.Pure Vitality Skin Renewing Cream de Kiehl’s. Aux racines de ginseng rouge (Corée) et au miel de Manuka (Nouvelle-Zélande). Une formule naturelle pour régénérer la peau, la rendre éclatante, tout en la dorlotant dans une texture nourrissante. 60€ les 50 ml (www.kiehls.be).

8.Orchidée Impériale de Guerlain. Crème 4e génération. Luxueux anti-âge global dont le conditionnement a été revu pour être plus écologique. 433,50€ les 50 ml.

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