L’émotion de la nature

Des taches qui semblent être l’oeuvre du temps qui passe, laisse des traces, creuse des cratères lunaires, érode la matière. Et rend chaque objet unique au monde. Inspiré par la philosophie japonaise du wabi-sabi, soit « la beauté des choses imparfaites », Tristan Philippe tourne et détourne la céramique, la forme et la déforme pour en exclure toute symétrie, toute platitude et l’ériger en art de la table à part entière.

Par Isabelle Blandiaux

« Seul l’humain crée de la perfection, la nature, elle, imprime la beauté de la patine, travaille sur les éléments jour après jour, année après année. Les Japonais adorent ce côté cérusé, vivant, qui a vécu. Comme eux, je ne veux pas du ‘zéro défaut’. Plutôt que la maîtrise, je préfère que mes pièces évoquent un état proche de la rupture. La céramique existait avant la roue. J’ai envie de réintégrer les méthodes de travail de nos ancêtres. De troquer mon four électrique contre un four à bois. » On a du mal à se l’imaginer en l’entendant parler, pourtant ce quadra fut un précurseur du web design dès avant les années 2000. « Cela a bien fonctionné mais à un moment, j’en ai eu assez. » Un métier trop virtuel, trop statique, trop électronique, pas assez physique. « J’ai fait moi-même ma maison, puis j’ai eu besoin de continuer une activité en lien avec la matière. J’ai eu un coup de foudre en découvrant la céramique japonaise sur Pinterest, des pièces très foncées (noir, marron, gris) ou claires (blanc, orangé, jaune). J’ai suivi deux courtes formations mais j’ai surtout beaucoup appris grâce à des vidéos de maîtres japonais sur Youtube. »

Pour être certain de leur non-toxicité, Tristan Philippe fabrique ses émaux lui-même, qu’il superpose sur ses formes en terre lors de trois cuissons au-dessus de 1000 degrés. « J’ai réalisé environ 500 tests avant de me lancer. Je n’avais pas spécialement prévu de travailler avec des chefs, j’étais plutôt parti dans l’idée de la céramique comme objet d’art – ce que je poursuis en parallèle. Des chefs de grands restaurants m’ont contacté en voyant mon travail sur Facebook. Je rentre dans leur démarche créative, leur philosophie, et je leur propose des récipients sur mesure qui leur permettent d’aller plus loin. » Ensemble, ils ont toutes les clés pour réinventer notre façon de manger.

www.tristanp.net, https://www.facebook.com/tristanpceramiste

En vente chez La FORÊT by Lucia Esteves (rue Franz Merjay, 156A – 1050 Bxl), Bel’Arte (rue de Flandre, 53 – 1000 Bxl), Belge une fois (Rue Haute, 89 – 1000 Bxl), Collectors Gallery (Rue Lebeau, 17 – 1000 Bxl) et Zen Architecture d’Intérieur (Avenue de Mérode, 25-27 à Rixensart).

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Des taches qui semblent être l’oeuvre du temps qui passe, laisse des traces, creuse des cratères lunaires, érode la matière. Et rend chaque objet unique …