Zoos humains, l’invention du sauvage

Pour la première fois en Belgique, va être présentée l’exposition Zoos humains. L’invention du sauvage créée à l’initiative de la Fondation Lilian Thuram qui a pour objectif d’éduquer contre le racisme et du Groupe de recherche Achac. Ces derniers ont réalisé l’exposition et l’ont spécialement enrichie à l’occasion de son installation à La Cité Miroir à Liège. Cette exposition, sous des formes diverses, a déjà été présentée en France (au musée du quai Branly notamment), en Guyane, en Californie, en Côte d’Ivoire, en Allemagne et en Suisse.
Pendant près de cinq siècles, l’industrie de l’exhibition humaine va fasciner plus de 1 milliard 400 millions de visiteurs et va montrer en spectacle entre 30 et 35 000 figurants dans le monde entier. Ces exhibitions humaines visent essentiellement à tracer une frontière et une hiérarchie entre prétendus “civilisés” et prétendus “sauvages”. Ce fut aussi, et le plus souvent, le premier contact visuel, la première rencontre, entre l’Autre et Nous. À travers Zoos humains, les spectateurs appréhendent comment se sont installés les préjugés racistes. Le racisme est avant tout une construction intellectuelle. L’exposition invite chacun à prendre conscience que l’Histoire nous a conditionnés, de génération en génération, à nous voir avant tout comme Noirs, Blancs, Maghrébins ou Asiatiques.
En proposant cette thématique, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège asbl et l’asbl MNEMA souhaitent mettre en lumière cette réalité historique et permettre une réflexion sur notre propre héritage intellectuel. Il est important de comprendre comment nos préjugés se sont mis en place pour pouvoir les déconstruire. Nos sociétés doivent apprendre l’idée pourtant simple que la couleur de la peau, le genre, la religion ou la sexualité d’une personne ne détermine en rien son intelligence, la langue qu’elle parle, ses capacités physiques, sa nationalité, ce qu’elle aime ou déteste. Chacun de nous est capable de croire à n’importe quoi, le pire comme le meilleur.

CINQ SIÈCLES D’HISTOIRE D’EXHIBITIONS

Avec cette exposition inédite, c’est l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants – venus d’Afrique, d’Océanie, des Amériques et parfois d’Europe – pour être exhibés en Occident, qui est racontée.
L’Europe, l’Amérique et le Japon vont, pendant près de cinq siècles (1490-1960), les présenter comme de prétendus « sauvages ». L’apogée de ce phénomène commence au milieu du XIXe siècle et se poursuit jusque dans les années 1950, en s’incarnant dans une véritable industrie de l’exhibition.
Ce « spectacle » a fasciné nos sociétés occidentales, comptant près d’un milliard et demi de visiteurs  et des dizaines de milliers d’exhibés. En Belgique, comme dans les autres pays de l’Europe occidentale, les visiteurs sont allés par millions, de 1885 à 1958, découvrir ceux que l’on nommait des « sauvages ». Venus des quatre coins du monde et aussi des colonies belges, ils furent les acteurs de la mise en scène du grand spectacle de l’altérité et légitimèrent la colonisation.
Dans les théâtres, les cirques, les foires, les cabarets, les zoos, les jardins d’acclimatation et les grandes expositions universelles, nationales ou coloniales, on a inventé le « sauvage ». Il est essentiel de garder à l’esprit que souvent ce « spectacle » a constitué, pour le public, le premier contact avec l’« Autre » au temps où les empires coloniaux se développaient sur les cinq continents.

UN PHÉNOMÈNE EN BELGIQUE, DANS TOUTE L’EUROPE ET DANS LE MONDE

C’est à travers ce prisme que des millions de Belges ont, à la manière de leurs voisins européens, forgé leur regard sur les peuples colonisés. Ce n’est compréhensible que si on le met en perspective avec son contexte ; celui de la construction des grands empires coloniaux et de l’émergence des théories racialistes, eugénistes ou ségrégationnistes, dans un temps où les spectacles de masse contribuent à fixer une identité commune en Occident. L’exhibition de groupes humains à une telle échelle demeure une pratique propre aux nations coloniales. La présence, en ce lieu, de cette exposition est née de la volonté de mieux comprendre les origines et les mécanismes de construction des discriminations et des stéréotypes, 110 ans après la première Exposition universelle de Liège de 1905, où les nations coloniales européennes mirent en scène leurs colonies.

Le Groupe de recherche Achac, composé d’historiens spécialistes de la question coloniale et postcoloniale et la Fondation Lilian Thuram. Éducation contre le racisme, s’associent ainsi au Centre d’Action Laïque de la Province de Liège asbl et à l’asbl MNEMA pour proposer à La Cité Miroir, espace de débat et de culture, le récit de cette histoire oubliée, au carrefour des histoires coloniales, de la science, du racisme et de celle du monde du spectacle… L’histoire des « zoos humains ».

AUTOUR DE L’EXPOSITION

VENDREDI 16/09 À 15H
La Cité Miroir • Salle Ferrer • Gratuit
Conférence inaugurale de l’exposition par Pascal Blanchard et Lilian Thuram

ZOOS HUMAINS L’INVENTION DU SAUVAGE

Pendant plus d’un siècle et demi (de la Vénus hottentote, en 1810 à l’après Seconde Guerre mondiale, en 1960), l’industrie de l’exhibition a fasciné plus d’un milliard et demi de visiteurs et a exhibé entre trente et trente-cinq mille figurants dans le monde entier. Ces exhibitions humaines visent essentiellement à tracer une frontière et une hiérarchie entre prétendus « civilisés » et prétendus « sauvages ». Ce fut aussi, et le plus souvent, le premier contact visuel, la première rencontre, entre l’« Autre » et Nous. À l’occasion de l’exposition Zoos humains. L’invention du sauvage à Liège, Pascal Blanchard et Lilian Thuram souhaitent expliquer comment se sont installés les préjugés dans nos sociétés. C’est un passé qu’il faut déconstruire et comprendre afin que la couleur de la peau et la culture d’un être humain ne soient plus un motif de rejet ou de discrimination.

Pascal Blanchard est un historien français. Chercheur au Laboratoire Communication et Politique du CNRS, spécialiste du « fait colonial », il co-dirige le Groupe de recherche Achac / Colonisation, immigration, postcolonialisme depuis 1989. Il a réalisé plusieurs expositions sur le thème de la colonisation et de l’immigration et publié de nombreux ouvrages sur le sujet. Historien au coeur de l’actualité, il intervient régulièrement dans les débats et dans les médias, pour promouvoir un autre rapport du présent au passé colonial et à la relation à l’histoire des immigrations « des Suds » (coloniales et postcoloniales); en France.

Lilian Thuram a connu une carrière prestigieuse de footballeur international : champion du monde en 1998, champion d’Europe en 2000, ainsi que de nombreux titres en club. En 2008, il a créé la Fondation Éducation contre le racisme. On ne naît pas raciste, on le devient. Cette vérité est la pierre angulaire de la Fondation. Elle agit pour l’égalité entre tous les êtres humains. Elle est dotée d’un comité scientifique ; ses principales actions sont des expositions, des livres, des outils pédagogiques, des rencontres et échanges avec tous les publics, notamment les élèves et les étudiants, tant en France que dans beaucoup d’autres pays.

MARDI 25/10 À 20H
Salle Ferrer • 5/ Réduit 3
Film LA VÉNUS NOIRE d’Abdellatif Kechiche

Début du XIXe siècle. Un lien étrange, presque malsain, relie la science en pleine révolution, la curiosité bourgeoise pour les contrées exotiques et une morale sous influence religieuse. Dans ce contexte particulier, où se mêlent voyeurisme, recherche et violence, Saartjie Baartman, alias la Vénus hottentote est l’objet de toutes les fascinations, de toutes les convoitises et de tous les excès. Montrée comme un animal étrange, vendue comme une vulgaire attraction de foire, prostituée sans équivoque, elle concentre tout le paradoxe d’une époque qui se veut évoluée… mais se vautre dans les théories racistes les plus dérangeantes. Avec le réalisme qui lui est propre, Abdellatif Kechiche, aborde l’histoire de cette femme sacrifiée, sans fard, sans détour. Et place le spectateur face à ses propres interrogations…

• Projection suivie d’un débat.

MERCREDI 26/10 À 20H Salle Ferrer • 5/ Réduit 3
Conférence STÉRÉOTYPES DU RACISME ORDINAIRE
par Jérôme Jamin, professeur à l’Ulg

La généralisation consiste à profiter d’une superposition en apparence fréquente de certains traits physiques avec certains traits sociaux pour établir une sorte de causalité biologique entre les uns et les autres dans le chef de certaines catégories de la population. La généralisation fonctionne autant dans les bistrots de quartier que dans les médias et dans les discours politiques. Elle produit des stéréotypes, c’est-à-dire des opinions toutes faites sur des individus et des groupes dont les caractéristiques sociales et les caractéristiques physiques sont clairement identifiables. L’exposé vise à analyser les mécanismes qui produisent les stéréotypes ainsi que les discriminations et le racisme qui en découle.

Licencié en Philosophie (1997), Maître en Relations internationales et politique européenne (1999) et Docteur en science politique (2007), Jérôme Jamin est Professeur au Département de Science politique de la Faculté de Droit, Science politique et Criminologie de l’Université de Liège où il dirige le centre d’études Démocratie. Ses recherches portent sur la dynamique démocratique en Europe et aux États-Unis : le populisme, le nationalisme et l’extrême droite, les relations ethniques et la diversité culturelle.

MARDI 22/11 À 13H30
Salle Ferrer • 5/ Réduit 3
Film ELEPHANT MAN de David Lynch

Londres. 1884. Le chirurgien Frédérick Treves achète, dans un cirque, « Elephant Man ». L’homme, dont le corps et le visage déformés à l’extrême, serait le résultat d’un accident survenu avant sa naissance. Selon la légende, sa mère aurait été piétinée par un pachyderme… Dans un premier temps, Treves, fasciné par la difformité de John Merrick, y associe une inévitable débilité mentale… Mais la réalité va rapidement lui donner tort. Merrick, souffrant d’un syndrome aujourd’hui connu de croissance osseuse désordonnée, est en réalité un homme intelligent, sensible, complexe… humain. Avec sa photographie en noir et blanc de toute beauté, Elephant Man s’inspire d’une histoire vraie, pour revisiter l’Angleterre victorienne et mettre en lumière l’association erronée entre laideur et imbécilité, entre difformité et absence de sensibilité. Le film propose une réflexion profonde sur une question essentielle : « Qu’est-ce qu’un être humain ? »

• Projection suivie d’un débat.

JEUDI 24/11 À 20H

Salle Ferrer • 5/ Réduit 3
Film FREAKS de Tod Browning

Sous le grand chapiteau d’un cirque de « monstres », la laideur n’est pas toujours là où on l’imagine… Un lilliputien, une naine, une femme à barbe, un homme-tronc, une microcéphale forment une parade des monstres. Elle se déplace de ville en ville, pour le plus grand plaisir des spectateurs de l’Amérique en pleine Dépression. Lorsque Hans le lilliputien éprouve une soudaine attirance pour la belle acrobate Cléopâtre, l’équilibre du petit groupe de « freaks » est soudain mis en péril, d’autant que la beauté d’un ange, cache parfois le coeur glacé d’un démon rongé par l’envie et la concupiscence. Dans un exercice de haute voltige cinématographique, avec l’aide de comédiens « monstrueux », Tod Browning se joue des codes moraux, comme des codes esthétiques. La laideur n’a pas de visage, elle se porte au creux de l’âme, dans cette parade insolite où le respect, l’amitié, la fraternité, mais aussi l’amour, la cruauté, la vilénie, se voient redéfinis avec brio. Un film qui fascine, qui dérange et qui secoue nos préjugés sur l’apparence physique et les valeurs morales.
• Projection suivie d’un débat avec Nicolas Bancel (sous réserve).

MERCREDI 7/12 À 20H
Salle Ferrer • 5/ Réduit 3
Soirée d’animation “Quiz” À LA RECHERCHE DE RAYMOND HACISME :
LA REPRÉSENTATION DU SAUVAGE AU CINÉMA

En 1900, en pleine exposition universelle de Paris, le professeur Raymond Hacisme, célèbre anthropologue, est victime d’un étrange accident. Il disparait, sans laisser de traces. En 2016, à La Cité Miroir, une conférence consacrée à cette disparition non-élucidée est interrompue par une soudaine coupure de courant. Lorsque les projecteurs se rallument, une surprise de taille attend les spectateurs et les conférenciers. Raymond Hacisme se trouve là, devant eux, en chair et en os. Avec ses valeurs et ses connaissances scientifiques, Hacisme découvre les évolutions des moeurs, de la technique, des lois, des médias… bref de la société vis-à-vis de ceux que cette dernière qualifie toujours de « sauvages ». À travers ce quiz, accompagné d’extraits sonores, d’extraits de films, de photographies, de contextualisations, le public et l’anthropologue vont peu à peu réaliser que si les choses ont changé, le chemin est encore long pour construire une société juste, humaniste et débarassée de ses réflexes d’exclusions. Une soirée pas comme les autres, entre conférence décalée, quiz, réflexions et éclats de rire !

TARIFS DES ACTIVITÉS

Conférence inaugurale : gratuit
Autres conférences et films :
Tarif plein 5€
Tarif réduit 3€
(groupes de min .10 pers. / max 25 pers. ,- de 26 ans, demandeurs d’emploi, citoyen de MNEMA, membre des Territoires de la
Mémoire, carte Prof, article 27)

INFORMATIONS

Jusqu’au 23 décembre À la Cité Miroir, Place Xavier Neujean • 22 • 4000 Liège. www.zooshumains.be

Entrée à l’exposition :
Tarif plein 5€
Tarif réduit 3€
(groupes de min .10 pers. / max. 25 pers.,- de 26 ans, demandeurs d’emploi, citoyen de
MNEMA, membre des Territoires de la Mémoire, carte Prof, article 27)

Visites Centre d’Action Laïque de la Province de Liège : 25€
Tarif exceptionnel grâce au soutien des pouvoirs publics et des partenaires

Visites Art& Fact :
En semaine : Visites guidées (français et néerlandais) : 65€
Visites guidées en anglais : 75€
Les week-ends : Visites guidées (français, anglais, néerlandais) : 75€

HORAIRE
Du lundi au vendredi de 9h à 18h
Samedi et dimanche de 10h à 18h
Dernière entrée à 17h

RÉSERVATIONS
Par mail : reservation@citemiroir.be
Par téléphone : 04 230 70 50

Accessible pour les personnes à mobilité réduite

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Pour la première fois en Belgique, va être présentée l’exposition Zoos humains. L’invention du sauvage créée à l’initiative de la Fondation Lilian Thuram qui a …