Je sors avec un garçon depuis deux mois et je me sens très amoureuse de lui, mais il y a un problème, difficile à discuter avec mes copines. Il veut absolument qu’on passe une nuit ensemble et moi j’ai un peu peur. Les autres me disent d’y aller, que c’est top, fun et tout. Moi, je ne suis pas sûre que j’ai envie de ça tout de suite. Ma mère m’a laissé des préservatifs dernièrement, du coup je me dis qu’elle trouve que c’est une bonne idée… Bref, je ne sais pas quoi faire et je n’ose pas dire non. Elise, 14 ans
Par Vanessa Greindl, psychanalyste
Chère Elise, Merci pour ta question qui intéressera plus d’une – et d’un ! – des jeunes de ta génération ! « Je n’ose pas dire non ». Ne penses-tu pas, Elise, que cette petite phrase en dit long sur ce que tu sais de toi et de ce que tu voudrais bien faire ou pas ? « Dire non »… Et toi qui écris ne pas savoir. Ce « Je n’ose pas » par ailleurs ne vient-il pas indiquer combien tu donnes aux autres une position pour le moins particulière ? Mon petit ami aimerait bien, ma mère pense que, … Ton texte ne parle-t-il pas beaucoup des autres pour un mail qui évoque le désir, l’amour, la rencontre, le don, la relation et un quelque chose là-bas, caché à l’intérieur de bien profond, secret et privé ? Au fond, tu sembles bien savoir que tu aimerais pouvoir dire non, et que te prononcer t’effraie un peu… Alors pourquoi donc n’oserais tu pas, avant d’ouvrir ton intimité à ton amoureux, lui ouvrir ton cœur, tes peurs, tes interrogations, tes freins, tes réticences, tes désirs et tes non désirs ? Tu évoques encore une amie qui te presse en t’annonçant qu’il te quittera, que ça lui est arrivé, à elle… Et bien, Élise que penserais-tu d’un garçon qui te quitterait pour ce motif ? Que tu l’as perdu, ou que tu l’as échappé belle ? Un amoureux ne peut-il pas patienter, un peu, voire même beaucoup ? Et enfin, ne penses-tu pas que pour pouvoir prononcer un vrai oui, il te faudra aussi pouvoir articuler de vrais non ?