Pour cette exposition, l’artiste Philippe Favier présente deux séries d’œuvres, véritables Vanités contemporaines, bien plus grinçantes qu’elles n’y paraissent au premier regard et laissant transparaître le caractère éphémère de la vie humaine : Antiphonarium de Sottet et Orlando furioso (à C. Nez). Pour la première série, l’artiste détourne un antiphonaire, ancien livre de chant liturgique, dont il profite des espaces blancs laissés entre chaque portée pour insérer insidieusement de minuscules squelettes ou autres animaux. Dans la seconde série, Orlando furioso (à C. Nez), des personnages célèbres issus d’albums des collections ‘Gloires de la France du Château de Versailles’ sont revisités et réduits à de simples têtes de bouffons émergeant d’une mer d’encre, entourées de bras d’octopodes qui réussissent, en se nouant fermement autour du cou, à évoquer les seyantes fraises en dentelle qui ornaient les portraits originellement gravés.
« C’est un fait, j’en conviens : la vérité n’est pas bien vue des rois. Et pourtant, avec mes fous, il se produit un phénomène étonnant : ils se font écouter avec plaisir quand ils disent la vérité, mieux encore, quand ils lancent ouvertement de sévères critiques, à telle enseigne que la même phrase, sortie de la bouche d’un sage, lui vaudrait la peine capitale, mais lancée par un bouffon, elle génère un plaisir incroyable. » (Érasme, Éloge de la Folie). S’inspirant des mots d’Érasme, Philippe Favier établit ainsi un parallèle entre le bouffon d’antan et l’artiste d’aujourd’hui qui tente, au travers de ses œuvres, de rappeler ces mêmes vérités à tout un chacun. C.T.
Jusqu’au 25 septembre (du mardi au dimanche de 10 à 18h)
à La Maison d’Érasme (rue du Chapitre 31 – 1070 Bruxelles). www.erasmushouse.museum