Nouvelles eaux de soin, masques en tissu ou patchs hydrogel, masques de nuit réparateurs, huiles démaquillantes, textures ultrafines et fraîches… La culture asiatique a changé notre approche de la beauté en la rendant holistique, en transformant chaque application en une expérience sensorielle à part entière. Par Isabelle Blandiaux
Regarder son pot de crème, sa forme, sa couleur, écouter le bruit qu’il produit quand on ouvre son couvercle, sentir le parfum qui se dégage, ressentir la texture au contact de sa peau, utiliser une gestuelle massante pour faire pénétrer le soin, observer ses effets sur le visage… Savourer avec plaisir toutes ces étapes et se concentrer sur chacune d’elle, c’est une sorte de pleine conscience de la beauté », soutient Florence Bernardin, experte en cosmétiques asiatiques qui conseille des marques européennes sur le sujet. Le temps où l’on recherchait avant tout l’efficacité, la preuve scientifique et la rapidité dans les rayons des soins n’est pourtant pas si loin en Europe. « On n’était pas du tout préparé à autant de sensorialité » mais le virage a bel et bien eu lieu. « La beauté asiatique est holistique. Elle tient compte des ingrédients, du mental, des sens avec des textures spécifiques et très innovantes qui créent de nouveaux usages. Un produit symbolise la rencontre de l’Asie et de l’Occident à mes yeux : une eau micellaire qui contient de l’huile (chez Garnier). L’huile démaquillante est un geste asiatique, l’eau micellaire un geste occidental. Mélanger les deux, c’est apporter une touche sensuelle indéniable à l’efficacité du nettoyage. »
À côté de l’huile qui a déjà envahi l’Europe, l’eau est très présente dans les routines de beauté japonaises ou coréennes qui nous semblent parfois très complexes, avec leurs 12 étapes et leur technique dite du layering (superposer sur son visage, matin et soir, autant de soins purifiants et/ou nourrissants suivant un ordre méthodique). Depuis deux ans sont arrivées sur notre marché les ‘eaux cosmétiques’. Leurs ancêtres étaient des eaux enrichies en riz puis en extraits végétaux. Ces lotions et micro-essences hybrides entre tonique et sérum s’utilisent juste après le nettoyage, pour hydrater, lisser, repulper, soigner en concentré mais avec légèreté. « Au Japon, quand vous achetez un cosmétique, on mesure votre taux d’eau et de sébum dans la peau. Et on vous conseille toujours un soin en deux étapes : une lotion pour hydrater (on peut même l’appliquer à la main) et une crème pour reformer le film hydrolipidique en surface en fonction de votre quantité de sébum. Tout est une question d’équilibre entre eau et huile là-bas. »
Corée, Chine
et Japon
L’appréhension holistique de l’univers et de l’être humain s’inscrit au coeur de la philosophie bouddhiste et de le médecine traditionnelle chinoise. « Cette médecine essentiellement préventive a induit des ingrédients que l’on peut manger et qui rendent belle de l’intérieur mais que l’on retrouve également dans des soins à appliquer sur l’épiderme. Il s’agit d’anticiper les signes du vieillissement et du ternissement de la peau. » Si les racines de cette approche sont en Chine, c’est la Corée du Sud qui apparaît comme figure de proue de l’innovation en matière de beauté, dans un contexte hautement mondialisé. « Elle n’a été déclarée pays développé que dans les années 70, mais du coup, avec une revanche à prendre sur le monde, comme le Japon après la guerre. Le gouvernement est extrêmement moteur et aidant pour promouvoir les produits coréens. On connaît peu ce pays en Europe mais ce qu’on en sait est positif et dynamique. On n’associe aucune image à la beauté coréenne, alors que dans notre imaginaire, la beauté japonaise est marquée par l’archétype de la geisha, qui ne fait plus vraiment rêver avec son côté rigide et figé. Les cosmétiques de Corée sont jugés plus modernes que ceux du Japon et plus qualitatifs que ceux de la Chine mais c’est juste une perception. » Voire une idée reçue.
La BB cream, aujourd’hui installée dans les usages européens, a été lancée en Corée comme « produit post-chirurgie esthétique pour camoufler et protéger les cicatrices ». « Au Japon, on en a fait un hybride entre soin et maquillage assez couvrant, qui unifie le teint et a séduit celles qui ne portent pas de fond de teint. Après est arrivée la CC cream, inventée par les Chinois, avec encore plus de soin dans la formule et plus de légèreté. Elle est utilisée en Asie comme base de make-up. »
Chez Spa 5 Mondes aussi, on s’inspire abondamment de l’Asie, son approche corps-esprit, sa notion de la beauté intérieure/extérieure et ses techniques de massage éprouvées depuis des millénaires. Le ‘soin-massage du visage précieux Ko Bi Do’, à effet anti-âge global, vient du Japon. Lifting manuel, il utilise « la dermapuncture donc des pressions sur les méridiens du visage pour agir sur l’état énergétique de la peau, effectuer un drainage, lisser et repulper l’épiderme », précise Alice Bourguignon, manager du spa au Dolce La Hulpe1. Une gestuelle de palper-rouler, des tapotements pour activer la circulation, un masque régénérant qui booste l’éclat cellulaire (de la gamme Lumière Sublime), un massage des mains et des pieds pour une relaxation ‘body and mind’, voilà qui complète le programme raffiné de cette heure trente de voyage des sens.
Bas les masques !
On les trouve désormais dans les épiceries les plus rudimentaires ou les supermarchés de beaucoup de pays asiatiques. Mais avant de devenir un produit quotidien en Corée (qu’on applique le soir pour recharger la peau), les masques en tissu et autres patchs hydrogel n’étaient vendus que par de grandes marques à des prix élevés. Ces ‘outils’ de transformation par excellence remportent un succès impressionnant. On les utilise il est vrai comme des baguettes magiques pour gommer les marques de fatigue, du temps qui passe, des épreuves qui blessent et pour mieux renaître ressourcé. « Ils sont appréciés parce qu’ils sont efficaces, retendent et repulpent vraiment la peau », analyse Florence Bernardin, spécialiste des cosmétiques asiatiques. « En Asie, on ne reçoit pas ses amis chez soi. Donc quand on rentre, on se met en pyjama et on se détend. On ne se pose plus un masque enfermé dans sa salle de bain. La matière est telle qu’elle adhère bien à la peau, donc on peut continuer à vaquer à ses occupations chez soi. En Europe arrive en plus une nouvelle génération de jeunes beaucoup plus ‘casual’, qui se mettent aussi en pyjama en rentrant chez eux. » Autre déferlante manifeste dans les différentes marques occidentales, celle des masques à laisser la nuit pour des traits encore plus reposés au réveil et un teint éclatant. « Ces ‘sleeping packs’, on les met seuls au Japon, alors qu’ils arrivent à la dernière étape de la routine de soins en Corée. On applique une fine couche de leur texture gel sur le visage, ce qui crée un film. Cela permet aux actifs de pénétrer pendant de longues heures, sans apporter de côté gras. C’est un incontournable de la beauté en Asie, d’autant qu’il travaille la nuit, moment-clé du renouvellement cellulaire. »
1. www.dolcelahulpe.com/fr/spa/
Inspirations asiatiques
1. Le Soin Liquide lissant & booster d’éclat – Énergie de vie – de Lancôme.
60,50€ les 50 ml.
2. Hydra Beauty Lotion Very Moist de Chanel. Hydratation – Protection – Éclat.
51€ les 150 ml.
3. Eau micellaire aux huiles nettoyantes – SkinActive – de Garnier.
6,99€ les 400 ml.
4.Sérum Lumière Sublime anti-taches, éclat & protection cellulaire de Cinq Mondes Spa Paris. L’art du teint porcelaine japonais.
95€ les 30 ml.
5. Ibuki Masque de Nuit Peau Reposée de Shiseido.
44€ les 80ml.
6. Masques pour le cou en bio-cellulose hydratant et tenseur de peau, enrichi en dipeptide syn-ake et protéines de blé raffermissantes de Rodial.
65€ les 8 masques.
7. Masque enveloppant concentré réparateur – Advanced Night Repair – d’Estée Lauder.
106,54€ les 4 masques.