Folie géométrique

Des coupes sobres, un style collégien sage immédiatement contredit par la folie des imprimés et des couleurs qui sautent aux yeux, jouent avec les perspectives et nos perceptions. En mode comme en musique, Paul Van Haver (alias Stromae) aime se créer un cadre strict au sein duquel laisser sa créativité s’exprimer. De façon débridée, jusque dans les moindres recoins. La 3e collection capsule unisexe qu’il signe avec son collectif Mosaert, dont la styliste Coralie Barbier avec laquelle il s’est récemment marié, conserve des liens avec des morceaux de son album et concept graphique Racine Carrée mais tend à s’en écarter. La modernisation de la wax africaine, elle, demeure comme un leitmotiv, symbole de l’intégration de ses racines rwandaises paternelles. « En 2012, j’avais envie d’injecter plus de singularité à mes tenues de collégien/dandy anglais avec un noeud papillon, par le biais de la wax africaine. Coralie, que je venais de rencontrer, m’a conseillé de créer ma propre wax. En s’inspirant de l’artiste Escher, avec les graphistes de Boldatwork, on a pris comme base de travail un hexagone qu’on peut diviser en 6 triangles isométriques avec un effet de cubes à l’infini. C’est devenu logique : à chaque chanson, son univers et sa tenue de scène, une espèce de masque, une façon de me cacher. » L’influence de Escher demeure palpable sur l’imprimé ‘oiseaux’ né de l’envie de détourner un motif pied-de-poule et d’illustrer le hit Carmen. Tandis que les fleurs viennent du visuel de l’hommage Ave Cesaria. « Personnellement, cela me fait peur de voir que le cadre cohérent de Racine Carrée saute et qu’on pourrait aller dans toutes les directions. Peut-être que désormais, ce sont les vêtements qui vont inspirer la musique. Je suis content de pouvoir me focaliser à fond sur cette collection qu’on entend défendre sur du long terme. Cela me met un peu moins en évidence et cela me fait grandir parce que cela m’amène à plus faire confiance aux autres. Très tôt, Coralie voyait la gamme de couleurs par exemple. Moi, j’ai un goût esthétique mais la mode n’est pas ma sphère principale de compétence, et j’en prends conscience humblement. »

Une production en Belgique, des coupes ‘confort’, des matières entre basiques (jersey piqué pour les polos et les chaussettes) et recherche (un velours qui évoque les « trainings Adidas peau de pêche » et qui rend les imprimés vibrants), des visuels hyper créatifs positionnent cette mode à mille lieues d’un merchandising ‘made in China’. La 4e capsule – qui proposera des chaussures – est en cours de création. Coralie, styliste : « Elle doit fonctionner sans la musique, on doit trouver d’autres sources d’inspiration. On cherche des idées ensemble, puis j’en fais un patchwork, on en reparle avec les graphistes qui font des tests. Je dessine aussi des choses de mon côté. On fonctionne par allers-retours et on se stimule les uns les autres. Notre envie est de lancer des nouvelles pièces deux ou trois fois par an. »

En vente chez Hunting and Collecting (rue des Chartreux,
17 à Bruxelles – www.huntingandcollecting.com ) et sur mosaert.com (de 17€ les chaussettes à 198€ les sweats).

 

Calculez votre risque de cancer avec l'application gratuite du CHU de Liège

Des coupes sobres, un style collégien sage immédiatement contredit par la folie des imprimés et des couleurs qui sautent aux yeux, jouent avec les perspectives …