Longtemps en quête de perfection, l’auteure-compositrice-interprète qui était pour la première fois coach à The Voice a dû accepter ses failles, ses fragilités, sa voix fêlée pour trouver sa voie. Adepte de la méditation comme du saut à l’élastique, elle assume ses paradoxes et avance vers plus de sérénité.
Par Isabelle Blandiaux – Photos Emmanuel Laurent
Stylisme Delphine Dumoulin – Make-up Sofie Van Bouwel pour Chanel
Pas besoin d’emmener Typh Barrow pas à pas de la superficie de l’échange social vers les profondeurs de l’être, du ressenti lors d’une interview Divan. Tiffany se connecte instantanément aux couches profondes de sa psyché et a fait de l’auto-analyse un précieux outil pour progresser dans l’existence. Super bosseuse – elle a fait des études de droit en trois langues en même temps que le Conservatoire de jazz -, elle commence à écrire ses premières chansons à 12 ans mais confie humblement : « Jacques Brel disait qu’il n’y a pas de talent, il n’y a que de l’envie. C’est vrai, quand j’entends les enregistrements, il n’y a aucun talent dans ma voix d’enfant. Elle était même horrible. Mais j’étais tellement complexée par cette voix de garçon que cela m’a donné la rage, la volonté tenace d’en faire quelque chose de beau. » Imprégnée par la musique blues-jazz-soul qu’écoute son père à la maison, la pianiste se reconnaît dans son « côté viscéral » et y laisse s’exprimer sa part sombre. « Cela a été salvateur », dit-elle aujourd’hui. La scène et les sports extrêmes (parapente, parachutisme…) lui procurent d’ailleurs les mêmes sensations fortes, le sentiment grisant de vivre pleinement et de dépasser ses peurs.
Alors qu’elle ressort de son expérience de coach à The Voice Belgique (« une aventure enrichissante et intense sur le plan humain, musical, télévisuel, mais une aventure chronophage et énergivore »), alors qu’elle compose le successeur de son premier album Raw (sorti en janvier 18) et qu’elle donne une nouvelle série de concerts1, elle s’est arrêtée pour nous parler en toute sincérité.
Psychologies : Quelle enfant as-tu été ?
Typh Barrow : Le premier adjectif qui me vient, c’est ‘docile’. Ma mère m’avait inscrite à une agence de mannequins. Toute petite, je faisais beaucoup de shootings photos qui duraient parfois des journées complètes jusque très tard. Mais je m’appliquais parce que j’avais envie qu’on soit content de moi, qu’on me valide. Je voulais être parfaite par peur de ne pas être aimée. J’étais aussi assez joyeuse et très active. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont permis de faire toutes les activités extrascolaires que je demandais : le piano dès 5 ans, le théâtre, la danse, la gym… Je me demande d’ailleurs comment ma mère a fait puisqu’elle courait dans tous les sens. J’ai également le souvenir d’avoir été une petite fille qui gardait beaucoup de choses en elle pour correspondre à ce qu’on attendait d’elle.
Mais tu aimais déjà être dans la lumière, si petite ?
T.B. : Cela me plaisait de me sentir chouchoutée, mise en valeur. Et c’était chouette que j’aie l’argent de ces shootings publicitaires sur un compte pour après mes 18 ans. J’étais déjà en quête de reconnaissance, inconsciemment. Mais j’ai vécu des épisodes assez borderline. Comme quand un photographe doué mais un peu dérangé m’avait plongé la tête sous un robinet d’eau glacée puis m’avait shootée en petite culotte, alors que j’étais terrorisée. Je ne parlais pas des côtés négatifs de ces prises de vues à mes parents mais je leur ai quand même fait comprendre cette fois-là que je ne voulais plus aller chez lui.
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