Lors de leur 9e édition ce week-end, les Magritte du cinéma ont récompensé des films sensibles et touchants qui ont fait vibrer le public en salles. Nos Batailles de Guillaume Senez décroche notamment les prix du meilleur film et de la meilleure réalisation. Girl de Lukas Dhont triomphe comme meilleur film flamand, meilleur scénario et voit Victor Polster couronné du titre de meilleur acteur.
L’équipe du film Girl. ©MagritteduCinéma2019
Par Isabelle Blandiaux
« Le cinéma belge va très bien, il est soutenue par la RTBF qui diffuse régulièrement des films belges… vers minuit sur la Trois. Ce qui revient à peu près à soutenir l’industrie musicale belge en diffusant de la musique dans les toilettes de la boîte de nuit. Mais c’est un début ! » Le maître de cérémonie de la 9e édition des Magritte, l’humoriste Alex Vizorek, est parvenu à faire rire aux éclats les (télé)spectateurs avec ses vannes co-écrites en équipe qui n’ont épargné personne samedi soir, ni la chaîne de service public qui a repris l’organisation et la diffusion de l’événement, ni le prince Laurent présent avec sa fille et qui a comme point commun avec le 7e art de notre pays de « beaucoup se plaindre de ne pas recevoir assez d’argent ».
Alex Vizorek. (c) Magritte du Cinéma 2019
« Voir tout le gratin du cinéma belge au même endroit, cela n’arrive qu’aux Magritte et au bureau de l’Onem le lundi matin », a ajouté Alex Vizorek, avant de ponctuer les 3 heures rythmées de cette émission de séquences irrésistibles, comme ses parodies de bandes-annonces (Jurassic World 3, le gamin au vélociraptor des frères Dardenne avec Fabrizio Rongione ou Le Huitième Rocky de Jaco Van Dormael avec Pascal Duquenne et le Grand Jojo) ou son explication ‘limpide’ des conditions d’éligibilité des films aux Magritte, par région linguistique.
Victor Polster ©MagritteduCinéma2019
Pour ce qui est du palmarès, les 850 professionnels membres de l’Académie André Delvaux et les 100 cinéphiles habilités à voter ont plébiscité deux films bouleversants, brossant le portrait d’individus forts et en lutte. Dans Girl de Lukas Dhont (meilleur film flamand, meilleur scénario et meilleur acteur dans un second rôle pour Arieh Worthalter), le splendide Victor Polster (meilleur acteur) incarne un jeune transsexuel qui veut devenir danseuse étoile et ainsi assumer librement sa réelle identité intime. Dans Nos Batailles de Guillaume Senez (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur espoir féminin pour Lena Girard Voss, 7 ans), Romain Duris campe un père de famille dont la vie vacille lorsque sa femme (Lucie Debay, meilleure actrice dans un second rôle) quitte la maison sans explication et qu’il est heurté de plein fouet par la violence productiviste sur son lieu de travail.
François Damiens, de nombreuses fois nommé par le passé, rentre à nouveau les mains vides pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, la comédie Mon ket, gros succès en salles réalisé à partir de caméras cachées. Le film de genre Tueurs, de François Troukens et Jean-François Hensgens, était nommé à 9 reprises mais ne repart qu’avec un Magritte, celui de la meilleure actrice octroyé à Lubna Azabal pour son rôle de flic. Il s’agit de la 3e statuette remise à l’héroïne d’Incendies, qui a souligné que c’était son premier film 100% belge et qu’à ce titre, elle prenait la récompense comme une reconnaissance de son pays à son égard.
Lubna Azabal ©MagritteduCinéma2019
Boudé aux récents D6bels Music Awards pour son projet Mustii, Thomas Mustin a remporté le Magritte du meilleur espoir masculin pour sa prestation dans le film L’échange des princesses.
Et le prix du meilleur documentaire revient logiquement à Ni juge, ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant, plongée à la fois sensible et décapante, façon Strip-Tease, dans la vie quotidienne de la juge d’instruction bruxelloise Anne Gruwez. De quoi prolonger le succès de ce film-phénomène en lice pour les César.
