Dans notre monde bavard et stressé, le médecin et accompagnant psycho-spirituel nous invite à ouvrir notre cœur et à écouter le silence intérieur. Il nous enseigne comment nous connecter au noyau de l’être pour nous éveiller à l’essentiel, à l’amour inconditionnel et universel. Une méditation accessible à tous, comme il l’explique dans un nouveau livre à paraître en octobre.
Par Isabelle Blandiaux
Quand nous l’avions rencontré en 2015 pour une interview Divan, Thierry Janssen, pionnier de la médecine corps-esprit, sortait d’une retraite de deux ans, pour se mettre à l’épreuve et explorer son espace intérieur par la méditation. Pour vivre, ressentir et expérimenter ce qui l’anime depuis l’enfance : la spiritualité. Pour se préparer également avant d’ouvrir l’École de la Présence thérapeutique1 (EDLPT) à Bruxelles, un lieu dans lequel il propose un parcours initiatique à des soignants de tous les horizons qui souhaitent permettre l’éveil de la conscience en eux et développer une véritable présence à eux-mêmes et aux autres. Il n’était alors pas encore arrivé au bout de son chemin d’écriture. « Ce livre a été mâché et remâché puisque je l’ai écrit 6 fois, jusqu’à l’épure », nous dit-il, souriant et la mine radieuse, au retour d’un voyage auprès d’un guérisseur brésilien avec ses élèves. Dans Écouter le silence à l’intérieur – Itinéraire spirituel pour s’éveiller à l’essentiel, Thierry Janssen a opté pour la forme du récit, intime et authentique. Il y parle de l’enfant mystique fasciné par l’Égypte ancienne qu’il a été. Il y raconte la prise de conscience du chirurgien perfectionniste et ambitieux qu’il fut avant de renoncer à son poste à l’institut Bordet. Il s’y montre sans fard, n’élude en rien ses failles et évoque ses efforts pour s’affranchir des pièges de l’ego. Il partage un parcours spirituel qu’il pense accessible à tous, entrecoupant le texte d’exercices et d’exergues pleines de sens. Pour Thierry Janssen, la spiritualité est à distinguer de la religion, elle n’est pas une affaire de croyance mais d’expérience, vécue jusque dans le corps ; elle nous relie au Tout et nous permet d’éprouver le sentiment d’unité. Entretien avec un homme joyeux.
Vous invitez le lecteur à plonger dans le silence intérieur. Qu’entendez-vous par là ?
Il s’agit d’une pratique contemplative facile à intégrer à la vie quotidienne, qui constitue l’un des principaux enseignements au sein de l’École de la Présence thérapeutique. Plonger dans le silence intérieur s’est imposé à moi de façon tout à fait intuitive. J’ai appris récemment que cette pratique est enseignée depuis des millénaires dans la tradition du tantrisme shivaïte. Cela s’est souvent passé de la sorte au cours de mon chemin spirituel. J’ai très peu lu de livres et, la plupart du temps, lorsque je l’ai fait, c’était pour y découvrir ce que j’avais expérimenté de façon intuitive et non guidée. La plongée que je propose comporte quatre étapes : 1) se poser, se déposer et se reposer ; 2) ouvrir son cœur ; 3) écouter le silence à l’intérieur ; 4) devenir ce silence. Nous découvrons alors que le silence n’est pas l’absence de bruit mais plutôt l’espace dans lequel tous les bruits apparaissent et disparaissent. Il est l’essence même de la pure conscience. Car le mental pense, il analyse, il commente, il juge. La conscience ne pense pas, elle est paisible et silencieuse, elle ne fait que constater, elle accepte ce qui est sans condition, elle est amour inconditionnel. Méditer en plongeant dans le silence intérieur est sans doute le meilleur moyen de permettre l’éveil de la conscience en nous.
Étape fondamentale de cette méditation, l’ouverture du coeur est un travail corporel qui va bien au-delà des bons sentiments, dites-vous…
Oui, ma pratique du yoga et du qigong m’a appris à détendre la poitrine, libérer le souffle et laisser se répandre l’énergie de l’acceptation sans condition dans tout le corps, dans tout l’être. L’ouverture du cœur ne consiste pas simplement en un exercice intellectuel, elle doit se faire à un niveau physique et énergétique. C’est un travail véritablement tantrique dans le sens où le Tantra agit sur l’énergie et la conscience. On sent alors, au propre comme au figuré, s’ouvrir en nous l’espace de la pure conscience paisible, silencieuse et aimante. Notre mental s’apaise davantage et, au-delà de la confusion de nos sensations, de la perturbation de nos émotions et de l’agitation de nos pensées, nous pouvons commencer à entendre le silence qui est toujours là, à l’arrière-fond. Car le silence ne se crée pas, il est de toute éternité.