Extrêmement détaillé, photos à l’appui, et qu’il a reçu également une adresse de site où il peut aller consulter en fonction de ses questions. Que fait-on de l’enfance de nos enfants ? Suis-je si rétrograde ? Qu’en pensez-vous ? Anemie, 39 ans.
Par Vanessa Greindl, psychanalyste et psychologue
Chère Anemie, Merci pour votre question qui touche probablement pas moins d’un enfant sur deux en Belgique puisqu’une nouvelle brochure proposée en Flandre en effet donne des informations extrêmement détaillées sur ce sujet. L’enfance est un peu volée, et des attitudes de nourrisson qui se prolongent de plus en plus longtemps, le petit passe aux attitudes d’adolescent qui démarrent plus tôt et se terminent plus tard… Où est la période de latence ? Elle s’amenuise, voire disparaît ? Et c’est un problème, en effet. La période de latence était, classiquement, située entre 6 et 12 ans ; peu à peu débarrassé de ses questions liées aux pulsions très archaïques non encore élaborées, l’enfant pouvait peu à peu faire place à autre chose que ce qui l’animait pulsionnellement. Lors de cette période de l’école primaire, les questions concernant la sexualité se sublimaient en des questions intellectuelles de tous ordres. L’enfant se demandait d’où viennent les enfants parce qu’il n’était pas satisfait de la réponse apportée par les cigognes, les abeilles ou les choux. Et il cherchait. Nous voyons encore, heureusement, certains enfants se questionner sur l’origine de l’univers, les racines du langage, la raison de la disparition des dinosaures… Répondre à des questions… Si l’adulte pense bien faire en répondant au pied de la lettre aux questions d’enfant concernant l’origine de la vie et la sexualité, il n’en reste pas moins qu’en effet, ces réponses pragmatiques et techniques risquent non seulement d’accélérer l’arrivée de l’adolescence, mais aussi de mettre le projecteur sur la question du sexe, là où l’enfant demande au fond qui il est, pourquoi il est là, aujourd’hui, dans ce monde, et d’où il vient. À la façon d’une tutte qui bouche la question, et parfois les braillements des tout-petits, ces réponses à des interrogations qui n’ont pas eu l’occasion de se poser occultent non plus les cris mais la réflexion sur la vie, la mort, le sens… Si le but de cette démarche se veut probablement informative et prudentielle, le résultat risque de clore plutôt que d’ouvrir, de réduire les questions existentielles à des questions sexuelles, face auxquelles, par ailleurs, l’enfant n’est pas encore armé. Vous aurez compris, chère Anemie, qu’à mon sens du moins, vous êtes loin d’être rétrograde.
Merci pour votre question et votre indignation.