Depuis bientôt 8 ans, je vous confie chaque mois des pans de mon histoire personnelle pour vous aider via mon témoignage à lâcher les croyances qui vous limitent ou à dénouer des situations douloureuses qui se répètent, faute de pouvoir être dites ou nommées.
par Christiane Thiry, rédactrice en chef
Mon désir était, à chaque fois, d’ouvrir des portes et de peler les couches d’identification qui nous empêchent de vivre en pleine conscience. Je vous ai presque harcelé/e/s avec ma difficulté à me construire après la mort d’un frère mort à trois mois et dont on m’a donné le prénom. Avec le parcours que j’ai mené pour trouver ma place au sein d’une fratrie de 9 enfants.
Or, belle synchronicité, le dossier de ce mois « Comment faire famille » me permet de boucler la boucle et de dédier mon dernier édito à cet édifice fondamental : la Famille. Notre héritage familial, aussi malheureux soit-il parfois, reste en effet la pierre angulaire d’un destin qui peut être positif. Personnellement, je suis arrivée dans une filiation à laquelle il m’appartient de contribuer, de créer quelques chose à partir de ce qui m’a été donné : la douleur liée à la mort de mon frère, celle de porter à jamais un prénom synonyme à la fois de deuil et de continuité, ainsi que les carences en affection et en attention qui sont le lot des familles trop nombreuses. Quand ma fille aînée est née, j’ai eu peur de reproduire ce que j’avais vécu et de lui transmettre mes manques. J’ai eu peur que, tout comme moi, elle et les enfants qui suivraient n’aient pas accès à une vie affective satisfaisante. J’ai entamé un travail sur moi qui a revêtu diverses formes mais que je n’ai, depuis, jamais interrompu. Et j’encourage chacune et chacun à ne pas attendre d’aller mal ou de vivre des situations difficiles ou conflictuelles pour se mettre en route. Car savoir et ressentir qui nous sommes, quelles sont les valeurs qui nous portent, vivre de manière authentique et en harmonie, cela prend du temps. C’est pourtant la voie royale pour rencontrer les autres et pour faire famille. La mienne ne se réduit pas à ma cellule familiale. Ma Famille est ouverte à mes amies et amis, à mes collègues d’hier et d’aujourd’hui, aux chroniqueuses et chroniqueurs, aux expert/e/s croisé/e/s au fil des numéros et qui ont nourri ce magazine, à vous lectrices et lecteurs de ces pages. Au fil des années pendant lesquelles je vous ai côtoyé/e/s, je me suis sentie portée par votre présence, vos témoignages, vos courriels. Merci pour votre soutien et pour votre fidélité.
Merci à Martine, Nicolas, Carine, Isabelle, Marcela, Manoëlle et Fabienne, ma fine équipe, pour avoir conçu et animé ensemble ce magazine pendant toutes ces années. Merci à Thierry, Armand, Diane, Ilios, Valentine, Anne-France, et Vanessa pour leurs chroniques denses et riches en questionnements. Merci à Véronique et Sylvie pour tous les relais conviviaux assurés en radio. Merci au BAO pour la gestion des pages Travail. Merci à Brigitte, Emmanuel, Tony et Mathilde pour les moments et les voyages photographiques créésl Merci à celles et ceux qui m’ont formée en coaching et en thérapie brève et systémique.
Merci à mes amies et amis, à mes parents et à ma fratrie, à mon mari Quentin et à mes filles pour leur soutien inconditionnel et pour leur amour.
Comme une famille est un organisme vivant, en flux permanent, soumis aux fluctuations des événements, elle ne peut être heureuse que par intermittences et par périodes. Ce qui nous stimule à ne pas nous rigidifier et à quitter le chemin des habitudes pour suivre le flux de la vie. J’ai ainsi eu le grand bonheur de parcourir ces années avec vous. Comme une enfant confiante, nichée au sein de votre famille, je vous ai fait souvent cheminer dans ma propre vie, vous confiant mes tâtonnements ou mes erreurs, parce que je pense que l’histoire d’un seul ou d’une seule peut ouvrir l’histoire des autres. Et que c’est ce que nous expérimentons les uns des autres et que nous prenons le temps de nommer qui nourrit les relations qui nous lient et qui donnent sens à la vie. Les liens tissés ne peuvent être dénoués. Je vais continuer le voyage de la vie, certaine d’avoir encore le bonheur de vous croiser. Car la vie comme l’amour trouvent toujours un chemin, rien ne les arrête.