Je viens d’accoucher de mon 3e enfant et nous avons décidé avec mon compagnon de ne plus en avoir après lui. 

C’est la dernière fois que je tiens un bébé dans les bras, cette pensée me plonge dans une tristesse infinie et je me mets à pleurer. Mon chagrin me paraît tout à fait disproportionné et j’ai peur de le transmettre à mon fils. Mireille, 37 ans

Par Vanessa Greindl, psychanalyste

Chère Mireille, avec clairvoyance, vous percevez  les traversées que la vie nous impose, avec douleur, vous les sentez, les respirez, les vivez. Et en effet, la vie est aussi – elle n’est pas que cela !- une succession de pertes qui s’enchaînent et se suivent les unes après le autres. Le tout petit bébé perd son placenta, la chaleur et l’obscurité du corps de sa mère, le nourrisson perd le contrôle – doux et précieux leurre – sur le corps de sa mère, plus grand, il lâchera le sein ou le biberon pour la nourriture solide, plus tard encore, l’enfant perdra ce corps-à-corps avec l’adulte qui se préoccupait de le changer, de le nourrir, de le laver, l’adolescent perd cette illusion de toute-puissance qui entourait d’un halo ses parents bien aimés, l’adulte perd par morceaux cette dépendance à l’égard de la génération d’au-dessus…

Et le travail se poursuit encore et toujours, perdre et grandir à la fois, vivre des étapes, des événements difficiles avec une certaine sérénité, c’est ce que chacun tente de faire jour après jour, en assumant sa condition humaine.

Vous pleurez toute la journée en pensant à cette dernière fois que vous prenez votre enfant dans les bras. Qu’y a-t-il ici d’à ce point insupportable à perdre Mireille ? La protection, la relation fusionnelle nécessaire un temps, un temps seulement ? Nulle autre que vous ne peut se prononcer sur ce point, mais vous pourriez, Mireille, avec l’aide d’un psychanalyste, tenter de mettre des mots sur la perte de ce peau à peau, qui parle de vous, de votre petit, mais surtout, peut-être, de cette petite que vous fûtes voici 37 ans. Cette petite qui a perdu, elle aussi, quelque chose il y a bien longtemps. Vos enfants peut-être vous ont-ils donné l’impression de retrouver ce contact ? La maternité pose sur ces pertes universelles et néanmoins douloureuses un voile, un baume.

S’il nous faut toute une vie pour apprendre à perdre lors de chaque âge de l’existence, le chemin permet aussi de repérer le plaisir d’une relation qui évolue, et de la construire en osant pas à pas ôter le voile lors de la croissance du benjamin…

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