Le temps est venu de nouvelles alliances entre l’histoire, le savoir, les sociétés humaines et les systèmes inspirés de l’écologie naturelle. Nous sommes dans une époque de réconciliation avec la nature. Nous reprenons conscience de la synergie entre l’humain et le monde naturel, de leur complémentarité et dépendance réciproques, aussi vieilles que le monde, mais perdues de vue.
Par Diane Drory, psychologue et psychanalyste
Cette solidarité est omniprésente. Ainsi, dans le règne végétal, la permaculture collabore avec la friable chaleur du printemps pour faire pousser mes salades. Le règne animal n’est pas en reste : choucas et pies, soucieux de la douceur de leur nid, picorent allègrement le dos de mon ânesse pour la déplumer de ses poils d’hiver. Des coopératives alimentaires se développent parmi les humains, auxquelles, chaque mois, les clients consacrent gracieusement 3h de leur temps. Les coûts de main d’œuvre supprimés permettent l’achat d’aliments de qualité à un prix abordable. Les médias évoquent souvent les réfugiés en termes négatifs. Cela n’empêche pas nombre de bénévoles de renforcer un nouveau tissu social en les aidant à trouver un logement, en faisant découvrir aux primo-arrivants leur quartier, en les conduisant à l’atelier de couture ou à la bibliothèque.
La solidarité est une réponse à l’inquiétude de l’homme actuel. Inquiétude face à une période de transformation très rapide de la société et de notre vie. Nous passons d’une crise à l’autre. Crise économique, crise des migrants, crise climatique… Plutôt que de parler de crises, si nous parlions de transition ? L’évolution actuelle du monde est un mouvement qui nous fournit un trésor de ressources pour développer d’autres manières de vivre ensemble. À chacun de nous d’ouvrir sa conscience et de soutenir un monde qui change, en créant, entre autres, des communautés autosuffisantes et durables.
Dans les cas de désastres naturels, les être humains s’entraident dans un esprit de collaboration. Malgré l’emprise de l’idéal d’indépendance et d’autonomie individuelle qui régit notre société, il nous faut accepter l’interdépendance qui nous lie. Il est impossible de survivre sans le soutien et la coopération des autres. Cette vision séduit également les entreprises qui font de plus en plus appel à l’intelligence collective, en responsabilisant leurs collaborateurs et en les incitant à mettre en œuvre toute innovation qui améliorerait leur quotidien et celui des autres. Tirer profit des idées de chacun, voilà qui ressoude et solidifie les liens.
De plus en plus conscient que l’indifférence tue, fatigué d’une course vers la déliaison et la solitude, l’humain serait-il en phase de métanoïa ? À savoir un changement radical d’état d’esprit, d’attitude, de vision, un renversement de la pensée.
Diane Drory, psychologue et psychanalyste. Spécialiste des troubles de la petite enfance. Dernier livre : Au secours, je manque de manque ! Aimer n’est pas tout offrir (Éditions de Boeck).