Comment réagir par rapport à mon père qui boit depuis environ 15 ans? 

Sa consommation est modérée mais cela affecte son comportement. Dois-je le considérer comme un malade ou bien juste comme quelque un qui manque de volonté ? Dois-je le «punir» en ne voulant plus le voir ou au contraire en parler et l’aider?

Benjamin, 32 ans

Cher Benjamin, votre question m’intrigue. Êtes-vous en quête de ce qu’il est juste ou non de réaliser face à votre père qui semble en difficulté ? Que cherchez-vous ? Que faire face à lui, le punir, le soigner, l’aider, lui parler ? Qui serais-je donc pour vous suggérer l’une ou l’autre attitude ? Votre interrogation m’évoque celle de parents qui s’interrogent sur leur comportement face à leur enfant qu’ils souhaiteraient plus à l’aise, mieux dans sa peau, souriant, heureux, obéissant… Qu’un fils souhaite aider son père en souffrance, pourquoi pas, mais votre question va au-delà me semble-t-il. À vous lire, il ne s’agit pas de l’aider, mais plutôt d’adopter une attitude qui aurait sur lui un effet quant à son alcoolisme, ce qui, je le crains, est un vœu légitime mais probablement vain. Classiquement, il se fait que lorsqu’un parent va mal, il est fréquent que son fils ou sa fille s’imagine y être pour quelque chose. Cette idée protège de l’impuissance totale, permet de croire qu’il ou elle peut aussi résoudre la question. Parfois, cette pensée permet  de tenir le coup, même si elle risque de mener à une impasse puisqu’elle est fausse. Il arrive aussi que certains enfants encore jeunes ou déjà adultes se sentent, dans un tel contexte, incapables, alors que leur projet s’avère simplement impossible. Cher Benjamin, vous n’êtes pas le père de votre père, et même si, peut-être, vous avez occupé cette place un temps, votre attitude ne changera pas la sienne. Votre préoccupation « que dois-je faire pour qu’il change ? » ne pourrait-elle se transformer en « quelle relation je veux avec lui, et que fais-je avec ce père-là ? » Se mêlent peut-être ici pour vous le devoir que vous vous donnez, le désir légitime de lien, la rage et la tristesse de ne pas avoir un père comme tout le monde, ou du moins, un père qui occupe cette place, et encore,… le refus de faire un deuil ? Vous seul pouvez répondre à la question de ce qu’il est juste de faire pour votre père à votre place de fils, selon ce que vous voulez aujourd’hui, et ce que vous attendez de cette relation. L’état de votre père ne dépend que de lui.

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Sa consommation est modérée mais cela affecte son comportement. Dois-je le considérer comme un malade ou bien juste comme quelque un qui manque de volonté …