Nous sommes un peu perdus face à notre fils de dix ans qui se sent « nul »

Il se reproche sans arrêt de ne pas parvenir à certaines choses. Nous voudrions l’aider mais il semble fermé, irrité, fâché, il claque sa raquette au sol parce qu’il a loupé une belle, râle lorsqu’il a une faute dans son devoir… Il se voudrait tout parfait avant d’avoir commencé… Comment réagir ? Par ailleurs, il est assez difficile, mais comme il a l’air assez mal dans sa peau, nous évitons de le reprendre trop sévèrement. Jérémie, 32 ans

par Vanessa Greindl, psychanalyste

Cher Jérémie, comme vous le repérez très bien, Léo se voudrait tout parfait avant d’avoir commencé. Tout puissant ? Tout sachant ? Tout érudit, artiste, sportif et intellectuel aussi puisqu’à l’école, il énerve ses camarades de classe en souffrant de ses points magnifiques mais non excellents. Au terme de votre courrier, vous faites un lien intéressant, « il n’est pas facile mais nous évitons d’être trop sévère… ». À vrai dire, vous ne faites pas de lien, vous ajoutez cette information comme une anecdote, ce qu’elle n’est pourtant pas.

De façon assez universelle, nombre de petits garçons se rêvent tout puissants, et maîtres du monde… Léo quant à lui, semble bien installé dans ce songe d’enfant, si ce n’est qu’il le vit non pas comme une douce illusion à perdre avec votre aide mais comme un projet de vie à atteindre. La nuance est de taille, et peut être, votre propension à éviter la sévérité « parce qu’il est déjà mal » ne fait-elle que l’enferrer dans cette idée fausse qu’au fond, il obtiendra tout ce qu’il veut, que ce soit du côté de ce qu’il conquiert de votre territoire ou de vous, ou que ce soit du côté de ce qu’il exige de lui-même. Grandir c’est perdre, et accepter notamment que l’on n’est pas tout, ni le meilleur à l’école ou en dessin, ni celui qui fait la loi à la maison. Aussi curieux que cela puisse paraître, cela va ensemble, et accepter de prendre une place d’enfant à la maison, permet aussi de digérer le fait d’être un enfant dans ses capacités, son intelligence, sa force… Léo semble passer d’un extrême à l’autre : soit il est parfait, soit il est nul. Le lien n’est-il pas là ? À se croire tout puissant, ce que le manque de cadre peut exacerber, la moindre faillite de ce pouvoir l’annule et le voilà qui s’effondre. Si cette chute est vitale, car elle permet à Léo d’atterrir, il rêve néanmoins encore, et refuse de perdre cette illusion douce… et tenace !

Pourriez-vous l’aider en l’accompagnant à sa juste place avec limites et barrières à son désir sain de puissance et de savoir, tout en l’aidant à atterrir ? Aucun enfant ne naît ni savant, ni sportif de haut niveau, et encore moins capable de diriger la maison, même s’il en a très envie…

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Il se reproche sans arrêt de ne pas parvenir à certaines choses. Nous voudrions l’aider mais il semble fermé, irrité, fâché, il claque sa raquette au sol …