Avec mes 2 frères, nous venons d’apprendre qu’après 35 ans de mariage, nos parents se séparent. Bien sûr, ils ont traversé des moments difficiles mais j’avais le sentiment qu’ils parvenaient chaque fois à rebondir. Cette décision me plonge dans une tristesse infinie. Comme si tout ce qui s’était passé avant n’était que mensonge ou illusion. Comment vais-je arriver à construire mon couple. Comment y croire encore ? Isabelle, 29 ans
Par Vanessa Greindl, psychanalyste
Chère Isabelle, pourquoi donc réduire les 35 ans de vie commune de vos parents, les 35 ans de vie de famille, l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre et qui vous a donné la vie à tous les trois, les jolis moments et les rebondissement multiples à la séparation d’aujourd’hui ? La vie est un chemin, ne laissez pas un carrefour déterminer les décennies qui l’ont précédé. Je comprends bien votre tristesse infinie si « tout » ce qui précède cette décision n’est désormais dans votre esprit qu’ « illusion et mensonge » mais pourquoi donc voir les choses de cette façon ? Pourquoi donc laisser l’aujourd’hui déterminer l’hier, Isabelle ?
Vous écrivez comme si toute cette route partagée de vos parents entre eux n’était qu’une histoire, inventée pour faire sourire les enfants, un père Noël de pacotille, de la poudre aux yeux. Vous écrivez comme si vous perdiez à présent l’idée d’un couple avançant bonant-malan, comme si disparaissaient à l’instant ces 35 années de chemin partagé dont vous fûtes, voilà 29 ans, un fruit.
Pourquoi donc ? Colère, rage et tristesse vous feraient-ils voir la vie en noir et blanc ?
Si le couple n’est pas parfait, si le couple n’est pas éternel, s’il s’arrête, serait-il alors juste bon à mettre à la poubelle ? Et pourquoi ? Parfois la rage amène à tout casser, tout jeter. Comme si une petite voix en vous susurrait « Si c’est ça l’amour, alors je n’en veux pas, si c’est ça la vie, alors je préfère la mort… »
Et pourtant, si la vie et l’acceptation de la vie étaient surtout accepter les hauts et les bas, les sourires et les larmes, les réussites et les échecs, sans résumer ni réduire trop vite ?
