Les parents cessent-ils un jour de s’inquiéter pour leurs enfants ?

Quand on devient parent, il y a toujours un cynique pour lancer : « Et voilà, les ennuis commencent. Ne t’en fais pas, dans 18 ans, ce sera terminé. » Mais est-ce bien exact ? En effet, beaucoup disent qu’on reste parent toute sa vie et qu’on n’arrête jamais de s’inquiéter pour ses enfants. Il faut reconnaître que les difficultés auxquelles un jeune adulte peut faire face ne manquent pas ! Entre les problèmes de couple, d’argent, de santé, d’assuétudes ou de justice, reste-t-il des sphères de la vie dans lesquelles tout roule ? Plus sérieusement, les problèmes des enfants adultes peuvent-ils nuire au bonheur de leurs parents ? C’est la question intéressante posée par des chercheurs américains.

Par Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch

Méthode  Les chercheurs ont invité 633 parents âgés de 40 à 60 ans à répondre à des questions sur eux et sur leurs enfants de plus de 18 ans (il y en avait 1 384, âgés de 18 à 42 ans). Les participants ont indiqué les problèmes auxquels chacun de leurs enfants avait été confronté durant les deux dernières années (parmi un ensemble de problèmes physiques, émotionnels, relatifs au style de vie ou de comportement). Ils ont également évalué la réussite de leurs enfants, par rapport aux adultes du même âge, sur deux dimensions : 1) les relations et la vie de famille et 2) les études et la carrière. Ils ont aussi demandé aux parents d’évaluer la qualité de leur relation avec chacun de leurs enfants ainsi que leur propre bien-être.

Résultat  Les résultats indiquent que les parents qui avaient au moins un enfant qui rencontrait des problèmes avaient un bien-être inférieur aux autres parents. En outre, le nombre total de problèmes de leurs différents enfants était également lié à leur bien-être : plus ils avaient de problèmes, plus leur bien-être était faible. Les résultats concernant la réussite des enfants étaient moins forts : le fait qu’au moins un enfant réussisse n’avait pas de réel effet sur le bien-être des parents, et il fallait que les parents aient beaucoup d’enfants qui réussissent pour que cela influence positivement leur bien-être. Enfin, en ce qui concerne la qualité de la relation parents-enfants, elle influençait également le bien-être des parents.

Conclusion  Cette étude montre que les problèmes des enfants adultes affectent particulièrement le bien-être de leurs parents : davantage que la réussite des enfants et – c’est à souligner – davantage que les problèmes propres aux parents ! Il semble donc qu’un parent ne cesse jamais de se soucier de ses enfants. La souffrance d’un seul de ses enfants représente une réelle préoccupation à ses yeux, passe avant les problèmes qu’il rencontre lui-même et ne peut nullement être compensée par la réussite d’un autre de ses enfants. Comme le disent bien les chercheurs, « un parent ne peut être plus heureux que son enfant le moins heureux ». Et ça n’a rien à voir avec l’âge.

Source : Fingerman, K. L., Cheng, Y.-P., Birditt, K., & Zarit, S. (2012). Only as happy as the least happy child: Multiple grown children’s problems and successes and middle-aged parents’ well-being. The Journals of Gerontology Series B: Psychological Sciences and Social Sciences, 67B(2), 184-193.

À découvrir dans le livre:

60 questions étonnantes sur les parents
Par Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch
Éd. Mardage, 144 pages, 14,90 euros

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