2017, toute une année pour se mettre au féminin!

Alors que le dossier du numéro de décembre-janvier nous invite à faire le calme en nous, je ne peux m’empêcher d’exprimer ma colère par rapport à l’évolution actuelle du monde face aux femmes. J’ai été plus qu’indignée fin novembre d’entendre sur les médias que le Parlement turc avait voté une proposition de loi qui permet d’amnistier les viols sur mineur si l’agresseur épouse sa victime. Cette mesure viserait à ne pas pénaliser les couples dont l’un des membres est mineur, mais « consentant » !  De l’autre côté de l’Atlantique, c’est un Donald Trump tonitruant qui déclarait au printemps 2016 que les femmes qui se font avorter doivent encourir « une forme de punition », avant de se rétracter.  C’est aussi lui qui a annoncé vouloir revenir sur le droit à l’avortement et qui, via Twitter, a émis ce tweet (effacé rapidement) sur Hillary Clinton : « Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ? » Machisme et populisme ont le vent en poupe et risquent de contrer ou de ralentir le lent travail mené depuis des décennies pour établir l’égalité entre hommes et femmes et lutter contre toute discrimination. Il est donc plus que temps de nous mobiliser et d’agir !  Osons dénoncer les agressions ! D’après une étude menée en Belgique1, sur 2.000 femmes sondées, 46% déclarent avoir été victimes de violences sexuelles graves au cours de leur vie et, dans 40 % des cas, elles n’ont entrepris aucune démarche de signalement auprès des services de police ou d’accompagnement psycho-sociaux. Aidons les femmes à sortir de la honte et de la culpabilité, à parler ou à faire appel à la ligne téléphonique gratuite 0800 98 100. La violence conjugale, quant à elle, touche en Belgique un couple sur huit. Et une femme sur cinq est victime de violence de la part de son partenaire. Le premier pas pour sortir de l’isolement est, là aussi, d’en parler ou d’appeler la ligne téléphonique gratuite 0800 30 030.  Luttons contre les discriminations en commençant par féminiser systématiquement tous les noms de métier ou de fonction2. Arrêtons de nous protéger derrière l’argument grammatical qui veut que le masculin l’emporte ! Si nous organisons événements et conférences, assurons une présence équilibrée d’intervenants des deux sexes. Et, lors des débats, veillons à donner la parole tant aux femmes qu’aux hommes.  Controns tous les stéréotypes ! La langue en est le premier véhicule. L’égalité passe par les mots. Disons la « direction » plutôt que « le ou les directeur(s) ». Remplaçons  « Vous serez contacté » par « Nous vous contacterons ». N’utilisons pas de parenthèses pour indiquer le féminin, comme si celui-ci était secondaire en importance. Évitons les expressions sexistes bien ancrées telles un garçon manqué, le panier de la ménagère, le chef de famille, le sexe faible, avoir des couilles, etc. Bannissons la mention « Mademoiselle » qui donne des informations personnelles sur notre état civil et généralisons l’appellation « Madame ».
Évitons les représentations sexistes : pas de femme en bikini pour une publicité sur l’alimentation saine ou sur un déodorant ! Sus aussi à l’utilisation systématique du bleu ciel pour les garçons et du rose bonbon pour les filles3.  Luttons contre les choix connotés selon le genre. Tous ces stéréotypes influencent grandement les orientations scolaires de nos enfants. En Belgique, les filles sont plus présentes dans les filières de l’habillement et les services aux personnes, tandis que les garçons s’orientent davantage dans l’industrie, la construction et les sciences appliquées4 alors que ces différences sont construites et ne reposent sur aucune réalité en termes de potentiel et de compétences. Alors, parlons des contributions scientifiques féminines, invitons à l’école des femmes scientifiques pour montrer qu’elles ont leur place dans les sciences. En famille, ouvrons une réflexion sur les différences dans les choix d’orientation et, surtout, au quotidien, donnons confiance à nos filles, encourageons-les et ouvrons-leur toutes les portes !  Car comme l’écrivait déjà Virginia Woolf, en tant que femmes, nous n’avons pas de patrie. En tant que femmes, nous ne voulons pas de patrie. Le monde entier est notre patrie.

1. Voir le site de la Direction de l’Égalité des Chances. www.egalite.cfwb.be

2. Guide de féminisation des noms disponible sur commande à langue.francaise@cfwb.be.

3. Consultez le guide et la check-list des «Trucs et astuces pour les communicateur-trice-s» sur www.egalite.cfwb.be. 

4. Indicateurs scolaires réalisés en 2014 par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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