Donner plus de sens à la vie, c’est cultiver l’art du lien

Bon nombre d’entre nous éprouvent le sentiment de ne pas vivre en cohérence avec leurs valeurs, de ne pas être pleinement eux-mêmes et aspirent à donner du sens à leur vie plutôt qu’à la gagner.

Par Christiane Thiry

Alors que nous avons acquis droits politiques et confort matériel, notre époque est celle du besoin de sens, du besoin de communier autour de nouveaux idéaux plus sociaux et plus humains. Isolés les uns des autres par une société qui prône la compétition et la lutte pour la réussite, qui entretient le culte du moi tout puissant, du self made man, nous avons soif d’un nouveau paradigme fondé sur notre besoin de lien et d’humanité. Contribuer à la mise en place de ce paradigme nécessite de partir du lien à soi, comme l’affirme le philosophe Abdennour Bidar dans son livre inspirant, Les Tisserands1. Il importe que nous nous recentrions sur nous-mêmes, que nous nous mettions à l’écoute de nous afin d’accéder à nos ressources profondes. Dans ce but, l’éducation devrait avoir pour fonction non de formater l’enfant ou d’en faire un premier de classe, mais de le mettre en lien avec lui-même en cultivant avec lui la pratique du dialogue, en l’incitant à discuter avec d’autres. En lui permettant d’expérimenter la valeur de la solidarité, le plaisir de ce qu’on réussit ensemble. Même affirmation de la part de Pierre Rabhi lors de la conférence proposée fin octobre par Émergences2. « L’évolution, il faut que nous l’initions nous-mêmes, que nous oeuvrions pour le retour de notre humanité. » Il faut que nous nous explorions, que nous rentrions en nous graduellement pour repérer qui nous sommes et ce que nous sommes en nous demandant : Est-ce que je suis juste ? Est-ce que je suis dans l’amour et l’équilibre ? Dans la sobriété ? Nous ne pouvons pas initier les autres à faire ce que nous ne faisons pas nous-même. Mais notre propre changement peut avoir un effet de contagion. Le philosophe et le penseur proposent à chacun de prendre le temps de faire silence en soi pour se questionner: ma vie est-elle en harmonie avec mon moi profond ? Vais-je à la rencontre de moi-même ? Mes objectifs et mon mode de vie sont-ils dictés par la société ? Suis-je toujours fidèle à ce que je m’étais promis d’être ? Quel est mon ADN ? C’est en nous que se trouve la clé du changement. Nous sommes, comme l’exprime Abdenadour Bidar, ‘la graine d’être de l’Arbre-Monde’. De nouveaux pèlerins sont en route qui comme les sagesses anciennes, philosophiques et religieuses, creusent pour ouvrir en nous l’espace de notre moi profond et de notre spiritualité. Pendant que la crise économique s’incruste, nous avons  besoin de changer de source d’énergie afin de nous relier aux autres. Nous ne sommes pas des sujets qui existent à côté des autres ou de la nature comme nous l’ont fait croire la science classique et la philosophie des Lumières. Ils ne sont pas extérieurs à nous, mais en interaction permanente avec nous. Ce nouveau paradigme du lien s’impose aujourd’hui dans tous les domaines. Dans la vie professionnelle, notamment, où beaucoup refusent d’être utilisés comme forces de travail par des entreprises dont la seule logique est la spéculation et la croissance illimitée, mais veulent participer au bien-être collectif dans un univers de travail où priment relation d’égalité et responsabilité collective. Des espaces se créent où l’on peut discuter de la question du sens et parler de la vie comme d’un cheminement spirituel, telles la journée Émergences ou la Nuit des idées3. Et les initiatives pleuvent qui proposent d’autres modes d’engagement social : épiceries participatives, entreprises culturelles en autogestion, associations à haute valeur sociale, éco-quartiers, projets de banques solidaires,…

Contre l’hydre de l’argent, l’affirme haut et fort Pierre Rabhi, seul l’amour, notre ressource suprême, pourra vaincre. La vie trouve son sens profond partout où il y a du lien à nouer ou à renouer. Les tisserands du lien sont en marche pour retisser les liens qui font grandir notre humanité. Goûter à la vibration permanente de la vie, agir et semer l’espoir, cela relève de chacune et chacun.

1. Les tisserands, Réparer ensemble le tissu déchiré du monde, Abdennour Bidar, les Liens qui libèrent, 2016

2. ‘Co-construire le monde de demain’, conférence de Pierre Rabhi organisée par Émergences. www.emergences.org.

3. La nuit des idées : réinventons demain. www.rtbf.be

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