Je suis mariée depuis 10 ans et nous avons 2 enfants de 6 et 4 ans. Notre couple a déjà traversé des moments difficiles avec même une séparation de quelques mois il y a 3 ans. Nous avons tous les 2 un caractère fort et explosif. Quand un désaccord apparaît, cela dégénère en cris et paroles souvent blessantes. Aucun de nous ne cède et ces joutes sont très violentes en paroles. Cette violence commence à nous fatiguer, à nous inquiéter même car les paroles blessantes restent. Comment sortir de cet engrenage ? Sacha, 36 ans.
Par Vanessa Greindl, psychanalyste
Chère Sacha, vous vous inquiétez, et vous lassez tous deux de ces combats infertiles… Bonne nouvelle et premier pas peut-être dans une direction différente, autre, qui vous amènerait peut-être ailleurs, en un lieu que vous connaissez moins, un lieu où bagarres et combats restent sur le seuil, un lieu où céder n’est peut-être pas si dangereux ? Vous ne dites pas grand-chose de votre vie de couple, mais entre les lignes, l’on peut lire une certaine envie de poursuivre votre route ensemble puisque la lutte vous inquiète et ne vous sépare pas, pour le moment.Vous insistez longuement dans votre courrier sur l’impossibilité pour vous de laisser passer une divergence entre époux sur des questions aussi diverses et variées que laisser ou non vos enfants manger des bonbons, inscrire l’aîné à un mouvement de jeunesse, ou prendre un baby sitter. Vous ajoutez : «Il me prend pour une imbécile, pense que j’exagère, croit que je me trompe. Je ne me sens pas reconnue dans mon avis, et ne pas être entendue est insupportable pour moi ». Mais quel est donc l’enjeu de vos discussions Sacha ? La question des bonbons, par exemple, illustre-t-elle l’angoisse du diabète – présent dans votre famille et qui vous inquiète – ou une difficulté liée à la reconnaissance ? Les divergences de point de vue amènent-elles un doute à vos yeux et aux yeux de votre conjoint sur votre capacité à être une bonne mère qui sait ce qu’il faut pour vos enfants ? Et cette capacité est-elle incompatible avec un certain accès à la discussion, avec une non-adhésion totale de votre conjoint sur votre idée et perception des choses ?
À quoi donc renvoie cette confrontation, Sacha ? Pourquoi est-ce donc si grave ? Lorsque vous vous emballez dans la discussion, la violence que vous évoquez signifie-t-elle « j’existe et donc, considère mon avis! » ou « mon fils est en danger si on ne fait pas comme je dis ! » ?
Autrement dit, votre préoccupation porte-t-elle sur la santé de votre enfant ou sur la reconnaissance de votre existence ? Et si votre fils vous importe, bien entendu, l’agressivité de vos échanges à son propos ne relève-t-elle pas aussi d’une autre source ? Répondre à ceci, vous poser les bonnes questions quant aux insupportables désaccords que vous traversez vous permettrait peut-être d’avancer avec votre conjoint sur le chemin de la vie en vous questionnant à deux, afin de rendre, pourquoi pas, la contradiction moins dangereuse ?