Je traverse un moment difficile car je suis tombée amoureuse d’un africain et cela perturbe ma famille.

Troisième d’une famille de 4 enfants, j’ai eu un parcours de fille modèle. J’ai bien réussi à l’université et j’ai trouvé tout de suite un super boulot. Je n’ai donc jamais déçu mes parents qui sont très fiers de moi. Depuis toute petite, je suis très proche de ma mère en qui j’ai senti une tristesse que je me devais de consoler. Aujourd’hui, c’est difficile car je suis tombée amoureuse d’un africain, ce qui bouleverse un peu ma famille mais surtout ma mère et je me sens écartelée. Julia, 27 ans

Par Vanessa Greindl, psychanalyste

Chère Julia, quel événement ! Vous autoriser aujourd’hui à bousculer quelque peu votre mère et à vivre votre vie semble loin d’être une mince affaire…Vous précisez lucidement combien vous avez toujours tout fait pour satisfaire vos parents, que ce soit du côté des études autant que du coté de votre comportement, puisque vous vous décrivez comme une fille « modèle » et « gentille »… Par ailleurs, vous prenez la mesure également de cette consolation que vous futes, depuis si longtemps, pour votre mère. Qu’est-ce donc Julia que cette tristesse que vous avez prise sur vous de consoler ? Pourquoi donc avez-vous pensé qu’il était de votre ressort d’essuyer les larmes de celle qui vous mit au monde ? Et comment aujourd’hui renoncer à cette place si lourde et si chère pourtant ?

Écartelée… entre qui et qui ? Entre vous et vous ? Entre la fille et la femme ? Entre votre mère, et votre amoureux ?

Toutes les traditions de notre petite planète enjoignent les enfants à quitter leurs parents, et les parents à laisser s’envoler leur progéniture, Julia. Dans nos traditions, il s’agit, du coté des enfants, de « quitter père et mère » » ou du côté des parents d’accepter que « leurs enfants ne leur appartiennent pas ». Votre naissance a eu lieu il y a bien longtemps, ne s’agit-il pas aujourd’hui de vivre votre vie plutôt que de supporter la tristesse maternelle ? Ne serait-ce pas à elle d’apprendre à la porter, voire mieux, à la soigner ? Et à vous de vous en décharger, même si parfois, déposer le paquet semble plus lourd que de le garder…

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Troisième d’une famille de 4 enfants, j’ai eu un parcours de fille modèle. J’ai bien réussi à l’université et j’ai trouvé tout de suite un …