Avec « Presque », l’acteur Bernard Campan et le philosophe Alexandre Jollien nous livrent une belle leçon de vie sur l’amitié et l’altérité. Envie de voir ce film au cinéma ? Participez à notre concours à la fin de l’article !
Après un accident de la route, Louis (Bernard Campan), croque-mort, rencontre Igor, une personne en situation de handicap et féru de philosophie (Alexandre Jollien). Par un concours de circonstances, ils décident d’effectuer un road trip dans le corbillard de Louis, qui contient le corps de Madeleine. Malgré tout ce qui les oppose, ils quittent la Lausanne pour le sud de la France.
Une amitié à la vie et à l’écran
Le film est parti d’une envie commune aux deux comparses. Sixième long-métrage de l’ex-membre des Inconnus, trio mythique des années 1990, « Presque » voit Alexandre Jollien endosser pour la première fois le rôle d’acteur. Et il est désarmant de sincérité. Philosophe suisse et auteur à succès né infirme moteur cérébral à la suite d’un étranglement par cordon ombilical, Alexandre est placé en institution spécialisée de ses 3 à 20 ans. Son premier livre, « Éloge de la faiblesse », où il raconte son cheminement vers la philosophie et critique la mise au ban des personnes handicapées dans des institutions spécialisées, l’a révélé au grand public. Spécialiste de philosophie grecque, il est également conférencier et intervient dans le cadre du rapport au handicap.
C’est d’ailleurs lors d’un passage à la télévision il y a 18 ans que Campan le découvre et prend contact avec lui. « Il parlait du regard de l’autre et comment l’assumer. Ça m’avait bouleversé. J’ai senti une relation de cœur à cœur sans le connaître et donc je l’ai appelé », explique Campan. De cette rencontre naîtra leur amitié, et en 2007, Alexandre collabore au scénario du film « La face cachée » de Bernard. La fiction proposée ici est largement inspirée de leur propre histoire.
Des thématiques lourdes traitées avec une sincérité désarmante
Amitié, mort, handicap, sexe, regard des autres… Le film s’empare, sans tabou, de sujets durs qu’il traite avec beaucoup d’humour, sans jamais flirter avec le cynisme ou la bien-pensance. Comme l’explique Alexandre, « s’il n’y avait pas un peu d’humour dans la vie, il y aurait de quoi se flinguer tous les jours. C’est difficile de parler du handicap et de la mort sans tomber dans le pathos. C’est pour moi la vocation de la comédie : rendre meilleur en faisant rire. » Le fait d’incarner une personne en situation de handicap, Alexandre l’a d’ailleurs vu comme une thérapie. « Parler d’Igor comme quelqu’un d’extérieur à moi a vraiment été thérapeutique. Pouvoir évoquer le handicap avec un léger recul sans nier ce que l’on est, c’était formidable. » Il confie cependant que sa première expérience d’acteur n’a pas été facile. « Je suis quelqu’un qui a vécu 17 ans en institution où les autres décidaient de la couleur de mes sous-vêtements. Mais j’ai fait l’expérience d’une direction bienveillante, pas du tout comme l’éducateur castrateur. »
Le film, léger, réaliste et plein d’espoir, dénonce aussi une société du jugement permanent où la différence reste moquée et contemplée de haut, et appelle a faire fi du regard des autres, pour mieux vivre. Pour Alexandre Jollien, dans le film comme dans la vie, c’est la philosophie qui lui a permis d’accepter son handicap, et de dire un « oui » plein et entier à la vie. À voir.
« Presque » en salles dès le 26 janvier 2022!
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Cet article a été écrit en étroite collaboration avec Cinéart.
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