Je vis des relations très difficiles avec ma fille de 20 ans. 

Je suis séparée de son père depuis 4 ans. Elle ne le voit plus depuis 1 an car elle s’est engueulée avec sa belle-mère et son père refuse de la voir tant qu’elle ne s’excuse pas, ce qu’elle refuse. Je suppose que cela la touche et que sa souffrance se transforme en agressivité à mon encontre. Je ne supporte plus de jouer le punching-ball. Dès que nous abordons les sujets de sa vie, cela tourne en dispute. Véronique, 45 ans.

Par Vanessa Greindl psychanalyste

Chère Véronique, quelle bonne nouvelle, pour vous et pour votre fille que vous ne supportiez plus de jouer au punching-ball, jeu qui ne fait grandir personne, et vous empêche d’être à la juste et bonne place pour votre fille. Vous êtes lucide, en ajoutant encore : « Ces discussions m’épuisent et me rendent très triste, je pleure et cela l’agace mais la culpabilise également car elle m’envoie des sms pour s’excuser. J’ai l’impression que nous jouons quelque chose en miroir avec ma propre mère qui m’agace énormément car elle est toujours ou déprimée, ou malade ». Ce que vous lui faites vivre en pleurant face à son agressivité ne l’aide pas, comme vous le soulignez vous-même, et comme jadis, les plaintes de votre mère vous enfonçaient, ou, selon les jours et l’humeur, vous  irritaient. Votre vie vous aurait-elle appris qu’une mère, ça ne se bouscule pas ? Si la vôtre chuta plus qu’à son tour, si encore aujourd’hui, ses larmes vous irritent plus qu’elles ne vous émeuvent, si sa peine vous encombre, Véronique, peut-être est-ce lié à la façon dont vous avez grandi auprès d’elle, et de sa douleur omniprésente. Peut-être avez-vous mis tout en œuvre pour éviter sa déprime trop lourde à porter, sans succès bien sûr, une enfant même adulte ne pouvant, ni annuler, ni  enfiler la souffrance de sa mère. Vous soulignez encore, «  je ne voudrais pas répéter ça avec ma fille ». Comment utiliser votre acuité au service de votre relation ? Pourriez-vous arrêter votre fille avant de souffrir, avant de pleurer ? Pourriez-vous lui donner, lui imposer certaines limites claires au-delà desquelles vous êtes blessée – et donc agaçante – qu’elle n’a pas le droit de dépasser ? Les larmes vous indiquent à chacune que vous êtes allées trop loin, elle dans sa revendication peut-être et vous dans votre patience. À l’écoute de vous-même, stopper votre fille à temps lui permettrait d’éviter l’accident et les mille excuses qui s’ensuivent, de votre côté le stop vous évitera la collision et les larmes de douleurs. Cet arrêt suppose de se lever, de se manifester avant de se sentir victime d’une fille elle-même victime, d’une certaine façon, de son père. Il suppose également d’occuper une place plus active, en supportant de déplaire, en quittant cette place insupportable, pour vous comme pour votre fille de « gentille maman non respectée ».

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