Que faire avec notre fils de huit ans, infernal à la maison?

Il se comporte comme un adolescent difficile, est rebelle à tout, ne veut rien entendre de ce qu’on lui demande. Par ailleurs, à l’école, il est comme un tout petit, fait le bébé et se montre super timide. Nous avons de la peine à comprendre ce qui se passe, nous essayons de le laisser libre à la maison pour l’aider à être bien dans sa peau mais on dirait que c’est l’inverse qui se produit. Pouvez-vous nous aider à y voir un peu plus clair ?Sandrine et Théo

Par Vanessa Greindl, psychanalyste

Chère Sandrine, cher Théo, votre fils vous surprend ! Il use et abuse de votre patience à la maison, retourne les fauteuils dans le salon pour y faire des cabanes, transforme votre salon en plaine de jeux,… Vous tentez de le canaliser mais pas trop, pour qu’il ne se sente pas « cassé » dans ses initiatives, dites-vous, et qu’il garde son sens créatif.

Cependant, sa créativité est aujourd’hui si peu dirigée, que, manquant de cadre où elle pourrait s’exprimer, elle se retrouve vidée de plus en plus de sa force et de sa substance.

Aussi difficile que ce soit à installer pour les parents parfois, l’enfant a besoin de barrières, de directions, de permissions et d’interdictions, de lieux où il peut inventer l’espace et de lieux qui ne lui sont pas réservés. Pouvant tout partout, votre fils ne sait plus où donner de la tête, et passe le plus clair de son temps, non pas à créer, mais à chercher où s’arrête l’immense terrain de jeu que vous lui avez concocté.

Ne trouvant pas de réponse à sa question, il cherche encore et encore, devient agressif, impertinent, désagréable, poussant toujours plus loin des limites plus mobiles que jamais.

À l’école, il est tout perdu, loin de se comporter comme un enfant bien dans sa peau, le voilà inhibé, timide, dans son coin et ne disant pas un mot. Roi du monde à la maison, sûr de ses sujets – papa et maman-, que devient-il à l’école, une fois qu’il se trouve loin d’eux ? Si confiant en lui dans la cabane du salon, le voilà tout peureux en classe, sans trône, ni cour avec, par ailleurs, des règles qu’il n’a pas l’habitude de suivre ni de respecter. Il est perdu. Ou du moins, le « roi du monde à la maison » est perdu face au tableau vert.

Et si sa consistance était faite de ce faux pouvoir non pas sur lui-même mais sur l’autre ? Et si cette absence de pouvoir dans la cour de récréation faisait de lui un oiseau pour le chat ? Le voilà tout inconsistant lorsque personne ne répond à ses attentes, et il en perd sa précieuse illusion, celle d’être le roi. Vous l’aideriez, en lui donnant quelques interdictions et obligations, qui construisent la structure psychique des petits d’hommes. Vous lui permettriez peut-être par-là d’être le chef, soit, mais le chef de lui-même, de son monde interne, de ses désirs, de ses idées, et de sa chambre pourquoi pas ?

De quoi se sentir sûr de lui, à l’école et ailleurs plutôt que sûr d’un « lui-et-vous » qui se limite à la maison, et surtout qui ne lui permet pas de construire sa propre identité.

Plaisir et style à Tenerife

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